[box]Cet article fait partie du dossier de la semaine du 06.10.14 : L’insaisissable Street Photography[/box]
La street photography connaît son âge d’or dans les années 50 à New-York. Avec l’apparition de ce qu’on a appelé la photographie plasticienne dans les années 80, elle aurait pu être délaissée : pourtant, certains photographes ont su s’en inspirer et l’adapter à leur pratique. Démonstration en quatre images.
William Klein, Harlem, 1955
Pour William Klein, l’atelier de l’artiste, c’est la rue. Cartier-Bresson dansait, sautillait, ajustait ses petits pas pour des compositions parfaitement construites ; Klein est affamé de photographie. Ses prises de vues semblent emportées dans un tourbillon frénétique. Il s’approche de≠ ses sujets à outrance, masque parfois ses images par un premier plan soudainement apparu. Il s’empare du mouvement et de l’énergie de la rue, et affiche sa connivence avec les habitants : sourires, regards directs, le photographe ne cherche pas à se faire oublier, il est l’un des leurs. Qu’il soit à New York, Rome ou Tokyo, chaque métropole devient sa ville. Une esthétique puissante et pleine de liberté.
Bruce Gilden, NYC 1984
Bruce Gilden porte lui aussi son attention sur les personnes plutôt que sur les lieux. Tenant son flash à bout de bras, il capture, avec leur accord ou la conscience claire de sa présence, des instantanés des passants new-yorkais. Mais le regard du photographe est souvent grinçant. Et les attitudes ainsi figées créent des portraits sans concession, parfois si forts que l’on pourrait croire qu’il s’agit de célébrités. Comme les pochettes des albums de Miles Davis ou Sly Stone des années funk, cette photographie semble déployer une fresque de personnages qui évoque le métissage social de la ville.
Philip-Lorca diCorcia, New-York 1997
Extraite de la série des Streetworks (1993-97), cette image illustre bien l’oscillation entre la photographie documentaire et la photographie plasticienne. Alors que Philip-Lorca diCorcia avait commencé par des photographies de rue mises en scène d’une façon très cinématographique, il parvient à obtenir des rendus similaires sans passer par la mise en scène. Il dispose soigneusement autour de la scène à photographier une série de flashes fixés aux lampadaires ou sur les façades des immeubles, et reliés à l’appareil photo par un radio transmetteur. Il parvient ainsi à saisir le réel avec un effet d’étrangeté qui induit toute une narration.
Jeff Wall, Mimic, 1982
Bien connu pour son art de la mise en scène et ses références à la peinture classique, Jeff Wall entretient un lien fort avec la street photography. Travaillant en décor naturel, avec des acteurs non-professionnels, il peut ainsi recréer les conditions de ce qu’il appelle « le presque-documentaire ». La scène, perçue comme réaliste, prend pour pivot le geste du personnage qui bride son œil. Sur ce « micro-geste » (l’expression est de Jeff Wall) saisi à la volée se noue une tension communautaire qui ouvre tout un champ d’interprétations possibles.
Si les deux premières photographies font bien apparaître que la street photography constitue à la fois une pratique et une esthétique, caractérisée notamment par des premiers plans très proches, des flous de bougé et des cadrages obliques, les deux suivantes nous montrent que c’est surtout dans sa matière (les inconnus de la rue, la solitude des individus et les tensions urbaines) qu’elle perdure dans la photographie contemporaine.
[…] La street photography connaît son âge d’or dans les années 50 à New-York. Avec l’apparition de ce qu’on a appelé la photographie plasticienne dans les années 80, elle aurait pu être délaissée : pourtant, certains photographes ont su s’en inspirer et l’adapter à leur pratique. Démonstration en quatre images. […]
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