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Guillaume Martial joue avec la ville

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Dans le cadre du projet France(s) Territoire Liquide, Guillaume Martial a décidé d’aller à la rencontre d’absurdités architecturales urbaines. Mais plutôt que de simplement photographier des bâtiments, il s’est mis en scène dans le cadre cherchant à leur trouver un sens.


guillaume-martial-ftl©Guillaume Martial



► ► ► Cet article fait partie du dossier 43 Photographes regardent la France

Our Age is 13 : Comment as tu découvert le projet France(s) Territoire Liquide ?
C’est les photographes qui m’en ont parlé par le biais de la conférence de presse qu’il y a eu à Arles à l’École nationale supérieure de photographie il y a deux ans. À la suite de ça, j’ai proposé un projet et j’ai intégré la mission.

Qu’est-ce qui t’as donné envie d’y participer ?
La mission concordait totalement avec mon travail personnel. J’avais commencé avec la carte blanche de SFR Jeunes Talents, un travail de mise en scène corporel dans l’espace sur les Halles, et j’avais envie de continuer dans cette direction. Je me suis dit que cette démarche pouvait s’intégrer dans la démarche éditoriale de la mission sur le territoire et l’expérimentation du paysage.


Martial_15©Guillaume Martial

Quel est donc ton projet ?
J’ai questionné l’espace urbain et l’architecture. Je me suis demandé comment l’être humain peut s’adapter à l’espace urbain et se l’approprier. La série que j’ai créée s’appelle Parade. J’ai travaillé essentiellement en Languedoc-Roussillon. J’ai cherché des espaces urbains dont je ne comprenais pas l’utilité. Si en regardant la structure, je me demandais « à quoi ça peut bien servir ? », alors je décidais de travailler dessus. J’ai mis en scène mon personnage qui a fait des propositions de différentes utilités possibles, que j’ai photographiées. Peut-on redonner un sens à un bâti dans le paysage ? Je ne sais pas, mais en tout cas j’essaye de faire des nouvelles propositions.

Ça oscille entre l’absurde et le poétique…
Oui, ces images sont le fruit de la rencontre entre un sens et un non-sens. J’adopte une écriture quasi burlesque. On pense à Buster Keaton, Tati, qui font effectivement parti de mes références cinématographiques.

Beaucoup de photographes ont travaillé sur une région ou une thématique. Mais toi, quelle est ta thématique ?
Ma thématique c’est mon écriture. J’ai travaillé essentiellement en Languedoc-Roussillon, mais c’est vrai que j’aurais pu faire ces images n’importe où.


Martial_07©Guillaume Martial

Martial_01©Guillaume Martial


Pourquoi as-tu décidé de travailler sur l’urbain ?
Parce que ça me concerne, parce que j’y vis.

Comment as-tu choisi les espaces photographiés ?
Je fais mes repérages à vélo et souvent dans des zones périurbaines, en chantier, là où le paysage est en mouvement constant. Il fallait que le bâtiment choisi ait des formes très graphiques, que l’espace ait une identité insolite.
Souvent j’ai des idées quand je reviens de mes repérages, mais elles ne fonctionnent pas quand je fais l’image. Donc je cherche pendant deux ou trois heures, je me place dans le cadre, je dialogue avec l’espace urbain. Je fais énormément d’essais pour créer au final une image qui fait sens.


Martial_03©Guillaume Martial

Martial_06©Guillaume Martial


Et les gens ne te prennent pas trop pour un fou quand ils te croisent en prise de vue ?
Si ! Il m’est arrivé quelques anecdotes assez drôles.

Comme quoi?
Pour l’image de la chambre photographique. Je suis allée sur une station météo de MétéoFrance. J’avais demandé l’autorisation, tout était en règle. Mais mes interlocuteurs avaient oublié de prévenir la sécurité. Je suis arrivé à 22 h avec mon assistant, à scooter. La sécurité est venu nous prévenir que la brigade anti-criminalité arrivait. Ça faisait six mois que je cherchais une station météo donc je ne voulais vraiment pas être expulsé de la zone. Les policiers sont arrivés, ils m’ont demandé ce que je faisais, je leur ai dit que je travaillais. Là il y a eu 5 secondes de blanc. Je leur ai expliqué mon projet, ils ont vu que je n’étais pas un gangster et ils m’ont laissé travailler.