Roelof van Wyk est un photographe Sud Africain. À travers sa série de « Young Afrikaners », il fait le portrait de la jeune génération d’Afrikaners, c’est-à-dire les blancs d’Afrique du Sud. Il questionne son héritage et raconte ce changement entre une identité construite politiquement et une nouvelle génération qui doit se reconstruire, se définir.
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Comment êtes-vous devenu photographe?
La photographie me permet d’explorer mon identité d’Homme Blanc Afrikaner et le comportement de cette identité à travers le Colonialisme, l’Apartheid, le Capitalisme et la Globalisation.
Pourquoi photographier de jeunes afrikaners?
Le projet Young Afrikaners est un auto-portrait sans aucune image de mon visage. Cependant, je suis présent dans chacune de ces images à travers la personne que je décide de photographier – parents, amis, collègues- qui représente l’identité « Afrikaner », non par choix mais par la projection de 350 ans d’histoire violente. Étant le photographe qui « vise » et décide quelles images seront dans le projet final, je démontre la position privilégiée dans laquelle je suis né et Young Afrikaners est une métaphore par laquelle je peux explorer cette position.
Notez que j’emploie le terme « Afrikaner » au singulier. Je ne parle pas au nom d’un groupe, je n’enquête pas sur les Afrikaners mais sur mon appartenance à ce groupe. Je me demande alors: qu’est ce que cela implique dans l’évolution de ma construction identitaire? C’est ce que le « young » (« jeune ») du titre indique: c’est une identité qui change, qui évolue. Elle a toujours existé mais a été étouffée, figée, simplifiée et anéantie par l’idéologie de l’Apartheid qui l’a transformée en identité de l’oppression plutôt qu’une construction de liberté et d’expression de soi.
Que dit ce projet de l’Afrique du Sud d’aujourd’hui?
Ce projet est une provocation et un défi lancé à la position dominante de l’Homme Blanc, dans les sociétés actuelles. Je veux qu’à la suite de cette série, les gens s’interrogent. Qu’est-ce qu’un « Afrikaner », qui est-il? C’est le changement d’une construction robuste et populaire malgré son héritage négatif… Car cela est réapproprié, repris et développé par n’importe qui qui ressent une affinité en une explosion d’expression comme la musique, la poésie, l’art.
Ces gens sont-ils toujours aussi importants en l’Afrique du Sud contemporaine alors que leur statut « d’africain » est mis à l’épreuve par leur peau blanche, et pas nécessairement à cause de leur héritage Européen? Ils ont une très faible influence politique et pourtant ils contrôlent toujours l’économie.
Pourquoi n’y a t-il pas d’Afrikaners Noirs? Les Afrikaners sont aussi des métisses, Européens, Malaisiens, Indiens, Africains, mais l’idéologie de l’Apartheid a « blanchi » cette identité pour la « purifier » à l’image de l’idéologie et de la propagande Nazies .