Hier soir au Bar Floréal, à Paris, avait lieu le vernissage de la 10e édition des Visa de l’Ani, en présence de Miikka Pirinen pour « Ari, une vie au point mort » et Maija Tammi pour « Sofiya ».
Le prix Ani-Pix Palace 2013 a été attribué à Paolo Marchetti, absent de la soirée, pour « Cité Soleil, au coeur de l’extrême pauvreté haïtienne ». Beaucoup de monde pour accueillir et féliciter les deux photographes présents, Miika Pirinen et Maija Tammi, coups de cœur de l’ANI lors des lectures de portfolio qui ont eu lieu au festival Visa pour l’Image, à Perpignan, en septembre 2013. Ils sont tous deux de Finlande, ils sont tous deux jeunes, et ils ont tous deux, à leur manière, travaillé sur le quotidien de personnes « différentes » – Ari, un homme atteint d’une maladie mentale vivant à Helsinki, et Sofiya, une naine vivant à New York. Le lauréat, l’Italien Paolo Marchetti, présente ici une série sur les blessures dont souffrent l’identité et la société haïtiennes, après des années de dictatures et les catastrophes naturelles qui ont frappé l’île.
Sofiya ou le royaume des petites personnes
Sofiya danse, prend le métro, va à son cours de gym, sort de sa douche, partage un moment d’intimité avec son fiancé. Une vie normale. Mais pour Maija Tammi, la photographe qui a réalisé ce sujet sur elle, les séances de prises de vue étaient un peu particulières : elle tenait son appareil photo au niveau de ses genoux, car Sofiya est atteinte de nanisme. Ce travail, né d’un projet entrepris à l’ICP (International Center of Photography) à New York, décrit, à travers le quotidien d’une femme, le monde des petites personnes. « J’ai rencontré Sofiya parce qu’elle m’avait été recommandée par deux personnes. C’est une femme heureuse, qui vit une histoire d’amour depuis deux ans, qui souhaite avoir des enfants. Mais Sofiya me répétait tout le temps qu’elle vit dans un monde complètement différent : elle évolue au niveau de nos fesses, de nos sacs à main, de nos coudes ! En décidant de la suivre, et même de vivre pendant un moment très près d’elle, j’ai voulu créer un royaume pour ces petites personnes. »
www.maijatammi.com/
L’ami Ari
Miikka Pirinen est très fier de son travail sur Ari. Photographe commercial jusqu’en 2008, il a soudain décidé de se tourner vers le photojournalisme. Et comme il ne doutait de rien, il est allé frapper aux portes. « J’ai pris rendez-vous avec la rédactrice en chef d’un magazine de photo finlandais, Photo Raw, et je lui ai demandé de me donner un sujet à faire, comme ça, de but en blanc. Elle m’a dit de faire un reportage sur un sujet que je ne connaissais pas du tout, sur une personne dont je ne savais rien. Par un ami d’ami, je suis arrivé dans un centre de maladies mentales, j’ai demandé l’autorisation de faire des photos et j’ai rencontré Ari. On a parlé politique et Lady Gaga. Et je l’ai photographié pendant 4 ans et demi. »
Miikka Pirinen a donc rencontré Ari régulièrement, ils sont devenus amis. Mais pour le jeune photographe, ce travail a de particulier qu’il l’a accompagné pendant toute sa formation de photojournaliste. A mesure que leur relation d’amitié grandissait, le savoir-faire du jeune homme progressait. Miikka est donc très touché que son sujet soit exposé aujourd’hui à Paris. Pourquoi Ari ? « Dans l’institution où il est soigné, Ari est pour ainsi dire le seul qui a réussi, malgré sa maladie et les traitements, à garder sa personnalité. Il aime la poésie, le théâtre, la mode masculine, et il cultive tout cela. Il est un peu la source de lumière de cet endroit. C’est une personne vraiment intéressante, vivante. Nous continuons à nous voir, avec grand plaisir. »
www.miikkapirinen.com/
Les trois lauréats exposent au Bar Floréal jusqu’au 8 novembre. Découvrez ci-dessous les photos de la soirée de vernissage.