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Jorge Silva à Visa pour l’image, Perpignan

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Au festival de photojournalisme Visa pour l’image, il y a 25 expositions. 25 séries de photos de conflits, de phénomènes de société et de reportages de vie quotidienne à découvrir jusqu’au 14 septembre 2014. Parmi tous ces sujets, plus marquants les uns que les autres, il a bien fallu que notre choix se porte sur un en particulier. Ce sera sur « La tour de David » du photographe mexicain Jorge Silva. Cette tour, située dans le centre ville de Caracas, fût le plus grand squat du monde de ces dernières années : gratte-ciel de 45 étages, il domine la capitale vénézuelienne ; offrant à ses 3000 occupants une vue imprenable sur la chaîne d’Avila. Jorge Silva a photographié ce lieu quelques mois avant sa fermeture.


Note de la rédaction : ★★★★☆

Les raisons d’y aller

– Vous aimez le photojournalisme
– Vous vous intéressez aux problématiques sociales
– Vous allez à Perpignan et vous ne savez pas quelle exposition faire en priorité

Les raisons de s’en passer

– A part que vous ne vous intéressez pas au photojournalisme, on n’en voit pas



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L’auteur

Jorge Silva est né à Mexico. Après des études de journalisme, il décide, en 1998, de devenir photographe indépendant. En l’an 2000, il rejoint l’agence Reuters à Guatemala City, puis au Venezuela. Le photographe mexicain a notamment documenté la vie des troupes armées en Irak et en Afghanistan, le tremblement de terre à Haïti et la Coupe du Monde de football 2010 en Afrique du Sud. Dans son projet « La Tour de David », il a simplement voulu photographier la vie quotidienne des occupants, sans préjugés ni jugements.


L’exposition

L’exposition de Jorge Silva est située dans l’Eglise des Dominicains aux côtés des projets « Mongolie, l’eldorado qui n’existe pas » d’Olivier Laban-Mattei et « Récits d’une terre meurtrie » d’Alvaro Ybarra Zavala. Un cadre historique impressionnant pour des projets qui nous laissent sans voix.

La tour de David, c’est 45 étages et 3000 habitants. À l’origine destinée à devenir un centre financier, l’immeuble est laissé à l’abandon en 1994 peu avant la fin des travaux à cause du décès de son promoteur et la crise de secteur bancaire vénézuélien. Jorge Silva a réalisé son documentaire de janvier à mars 2014 après avoir reçu l’autorisation du conseil des habitants de l’immeuble, méfiants vis-à-vis des médias.

Jorge-Silva-2Genesis (9 ans) sur le balcon de l’appartement où elle vit avec ses parents et ses quatre frères et sœurs.
© Jorge Silva / Reuters


La tour est habitée jusqu’au 27ème étage : le reste n’est pas habitable et l’absence d’ascenseur en écarte de toute façon l’éventualité. Contrairement aux idées reçues, la tour n’est plus le siège d’une violence décuplée par la criminalité et les kidnappings dénoncés en ses débuts. Elle est plutôt devenue un refuge sécurisé dans une ville en proie à des exactions quotidiennes. Un collectif et des délégués d’étages veille d’ailleurs au bon voisinage. Ce « mini-gouvernement » fait respecter le règlement intérieur sous peine de « travaux d’intérêt général » dans le bâtiment.

C’est cette vie fourmillante à chaque étage, à chaque détour de couloirs que Jorge Silva a voulu montrer. Entre ces murs, les squatteurs se sont crées un nid. Des commerces s’y sont développés, d’autres travaillent à l’extérieur. Le soir, on y regarde la télévision, on y pratique le tai-shi et les jeunes se retrouvent ensemble.


Jorge-Silva-1Une femme à l’œuvre dans l’atelier de couture qu’elle a organisé chez elle.© Jorge Silva / Reuters


Entre les familles, une grande solidarité s’est instaurée : chacun s’occupe de maintenir le lieu dans un état salubre et s’emploie à rendre le cadre de vie agréable. Le lieu n’en est pas pour autant un coin de paradis : plusieurs accidents, notamment des chutes, ont été dénombré.

Aujourd’hui, la tour a été évacuée de ses habitants. Certains ont été relogés, d’autres pas.



La tour de David, Jorge Silva
Dans le cadre du festival Visa pour l’image 2014
Jusqu’au 14 septembre 2014
Eglise des Dominicains,
66000 Perpignan
http://www.visapourlimage.com
Entrée libre de 10h à 20h