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Photojournalisme : le colossal Sochi Project de Rob Hornstra et Arnold Bruggen

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The Sochi project, Rob Hornstra et Arnold Bruggen

Alors que le monde a les yeux rivés sur les exploits des sportifs au Jeux olympiques de Sotchi, les deux auteurs Rob Hornstra et Arnold Bruggen ont réalisé une enquête extraordinaire autour de cet évènement, The Sochi Project, reflet de la situation politique russe aujourd’hui.

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Rob Hornstra et Arnold Bruggen, « journalistes lents »

Rob Hornstra, photojournaliste, et Arnold Bruggen, écrivain, sont néerlandais. Le Sochi Project est le résultat de 4 ans d’enquête sur le terrain. Partis d’un constat simple, les deux journalistes se sont intéressés au quotidien de Sotchi les 4 années précédant l’ouverture des Jeux olympiques : « Jamais les Jeux olympiques n’ont eu lieu dans une région contrastant autant avec le glamour de cet évènement sportif. Sotchi est à une vingtaine de kilomètres de la zone de conflit en Abkhazie. À l’Est des montagnes du Caucase s’étendent des républiques obscures et appauvries telles que l’Ossétie du Nord et la Tchétchénie », explique Arnold Bruggen. L’ensemble du projet a été mis en œuvre sur le site internet thesochiproject.org et se divise en huit chapitres. Photographies d’archives, témoignages, interviews, photographies documentaires, portraits, The Sochi Project a fait appel à toutes sortes de ressources pour documenter la situation dans l’ancienne station balnéaire. Financés grâce au crowdfunding, les deux journalistes sont allés une dizaine de fois sur le territoire avant de se voir refuser le visa en 2013, ce qui a mist fin au projet.

Les Jeux olympiques et les conflits

Le site thesochiproject.org s’ouvre sur une vidéo de la conférence du comité olympique international annonçant la tenue des JO à Sotchi. Le discours de Vladimir Poutine est plein de promesses et pourtant terrifiant : « Sotchi est une endroit unique. Sur la côte, vous pouvez profiter d’une journée de printemps, et dans les montagnes, c’est l’hiver. Nous attribuons 12 milliards de dollars à ce projet. Merci de soutenir le rêve olympique de millions de citoyens russes. La famille olympique se sentira chez elle. » À ce discours, Rob Hornstra et Arnold Bruggen répondent : « Sotchi est un endroit unique. Une station touristique subtropicale en plein milieu d’une zone de conflit. Dans les montagnes du Caucase, il n’y a pas seulement de la neige. Un conflit contre les rebelles séparatistes s’y déroule. Alors qu’à Sotchi, des milliards de dollars sont versés pour les JO, l’autre côté de la montagne se trouve la zone la plus pauvre de Russie. Si Poutine rêve de fêtes olympiques et d’une image de la Russie restaurée, beaucoup de Russes rêvent d’un pays sans abus des droits de l’homme et sans lois discriminantes. »
En huit chapitres, les deux auteurs révèlent ce que Sotchi leur a appris. Cette station balnéaire est emblématique de l’époque soviétique. Elle a accueilli des générations de Soviétiques qui y ont passé leurs vacances et vécu leurs premières amours. À moins de 5 km de Sotchi se trouve l’Abkhazie, pays qui n’est reconnu que par 5 Etats dans le monde. Ce territoire a souffert du conflit qui a opposé la Géorgie à la Russie et est aujourd’hui une zone sinistrée et pauvre. La proximité des JO constituent une opportunité économique pour le jeune pays. Pourtant, il n’en sera rien car les frontières de la Russie sont fermées et impénétrables. De l’autre côté des montagnes du Caucase, la situation économique est tout aussi grave. Certaines zones affichent un chômage de près de 50%. Pourtant, aucun bénéfice économique ne sera tiré des JO. Cette région délaissée par le gouvernement russe est devenue le cauchemar des organisateurs des JO qui craignent des attaques terroristes. La construction d’un village hivernal dans une station balnéaire est également l’un des grands enjeux. Nombreux sont les habitants qui voient leur maison détruite par les travaux nécessaire à la construction des installations olympiques. Et si des lois sont supposées encadrer les relogements des habitants, c’est néanmoins la corruption qui prime à Sotchi. Face au 12 milliards de dollars prévus pour la mise en place des JO 2014, la Russie a dépensé plus de 50 milliards de dollars. La réussite des JO est l’objectif du président Vladimir Poutine que ni les tensions politiques ni le climat de la région n’arrêtera.

Le projet de Vladimir Poutine

Derrière cet investissement colossal, le président Vladimir Poutine n’a qu’un objectif : redorer l’image de la Russie, lui rendre son prestige. Pourtant, avant même l’ouverture des JO, les manifestations contre la loi anti-propagande gay, les campagnes contre la répression qu’exerce le gouvernement russe tiennent une bonne place dans la presse internationale. Le prestige tant désiré par Vladimir Poutine est déjà largement entaché.

L’entreprise documentaire menée par les auteurs Rob Hornstra et Arnold Bruggen constituent une véritable encyclopédie de la situation géopolitique et sociale de Sotchi et ses alentours. Une exposition au FoMu d’Anvers et un livre autoédité finissent de concrétiser le grand projet des deux journalistes néerlandais.

The Sochi Project: An Atlas of War and Tourism in the Caucasus
302 x 250 x 44 mm
€ 59,00

FoMu (Fotomuseum d’Anvers)
The Sochi Project: An Atlas of War and Tourism in the Caucasus Rob Hornstra et Arnold Van Bruggen
25.10.13 – 02.03.14
Waalsekaai 47
2000 Anvers

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Crédit photo : Rob Hornstra

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