Furkan Temir est un jeune photo reporter turc. Avec sa série Turkey’s First Transgender’s beauty contest, il nous raconte le premier concours de beauté transgenre de l’histoire de son pays.
► ► ► Cet article fait partie du dossier : LGBTI : à l’aube de 2015
Officiellement, il n’est pas illégal d’être LGBT en Turquie. Pourtant cette communauté subit encore de fortes discriminations. 70 transgenres auraient été assassinés dans le pays depuis 2002. Pour défier la persécution, la communauté a organisé une semaine d’évènements LGBT en juin dernier. Furkan Temir a photographié le premier concours de beauté transgenre organisé pour l’occasion.
Comment es-tu devenu photographe?
Je ne sais toujours pas si je suis vraiment photographe. La photographie est surtout une façon de légitimer ma présence à l’endroit où je me situe. Lors des événements de Gezi (mouvements protestataires turcs de 2013), je voulais participer mais j’avais très peur de m’engager dans le mouvement. J’ai ressenti la même chose en Irak ou en Syrie. Je veux savoir ce qui se passe là-bas, mais je ne peux pas me contenter d’y aller et d’observer. Prendre des photographies est ma manière d’agir.
Comment t’es-tu intéressé à ce concours? Comment as-tu créé un climat de confiance avec les candidats?
Certaines candidates étaient mes amies. Avant la « Trans Pride », j’ai passé du temps avec elles, et j’ai photographié la préparation de la marche. Lorsque la date du concours a été annoncée, j’ai rencontré les candidats et les organisateurs que je ne connaissais pas. J’ai passé du temps avec eux, j’ai tenté de les comprendre. Nous sommes devenus proches. J’étais en permanence avec les candidates avant le concours. J’étais proche d’elles quand elles ont choisi leurs robes, quand elles se sont maquillées. Elles m’appréciaient et souhaitaient poser pour moi. Grâce à cela j’ai pu travailler dans des conditions très agréables le jour du concours.
En quoi cette série est-elle politique?
Lorsque j’ai pris ces photos, je n’avais pas de position politique. Je photographiais simplement des gens qui ont leur propre beauté, en dehors des normes imposées par la société. Mais c’est un fait, cette situation a une dimension politique et je l’ai intégré sans le vouloir. La Turquie est très conservatrice et les meurtres de transgenres sont fréquents. Il faut être très courageux pour monter sur ce podium.