Alors que les lycéens passait hier, mardi 17 juin, l’épreuve de géographie du baccalauréat, OAI13 remet ça aujourd’hui… Mais en photos ! Florence Drouhet, directrice artistique du festival photo Peuples et Nature La Gacilly, confronte pour vous photographie et géographie.
► ► ► Cet article fait partie du dossier Le Bac version OAI13 !
La géographie est une représentation du monde… la photographie aussi ! Ça tombe bien, le festival photo Peuples et Nature La Gacilly vous emmène de la Bretagne au pôle Nord en passant par le sol lunaire. Il se déroule actuellement à La Gacilly en Bretagne et cela jusqu’au 30 septembre 2014. Créé il y a 10 ans, ce festival vous permet de découvrir des photographies éthiques et humanistes en s’intéressant tout particulièrement aux rapports entre l’homme et son environnement. Cette année, ce sont les photographes américains qui sont à l’honneur.
Nous avons interviewé Florence Drouhet, directrice artistique du festival, pour en savoir un peu plus sur les liens entre la géographie et la programmation 2014. Elle nous parle d’espaces naturels, de populations, de cartographie, de changement d’échelle et des relations que les hommes entretiennent avec leur territoire et leur environnement.
[pullquote type= »2″] « Pour avoir envie de comprendre le monde, il faut avoir envie de l’aimer sans doute. Quand les gens quittent le festival de La Gacilly, ils nous disent souvent : « Que notre terre est belle ». Et ça, c’est le premier geste pour avoir envie de s’y intéresser »[/pullquote]
Our Age is 13 : Florence, vous êtes directrice artistique du festival photo La Gacilly. Pourquoi avoir choisi les Etats-Unis pour cette année ?
Florence Drouhet : Pour plusieurs raisons. Déjà parce que l’on ne met pas assez en avant les Etats-Unis. Souvent on se dit qu’on va choisir un pays plus ardu, plus compliqué, alors que c’est une évidence. C’est vraiment un pays qui a une photographie très marquante, très forte et qui est très présente sur la scène photographique : dans les galeries, les marchés de l’art etc. Et finalement, il est assez peu présenté comme tel en France.
Par ailleurs, il faut savoir que la Gacilly est un village, et le débarquement a eu lieu en Normandie et en Bretagne. Dans les photographes que l’on expose, on trouve John G. Morris, qui a fait pour son propre chef des photos de la libération en Normandie, puis en Bretagne.
On s’est rendu compte finalement que chaque année, on présente dans notre programmation un photographe américain ou un travail lié à l’Amérique. C’est comme ça que l’on a réalisé que la photographie américaine était très présente : parce qu’ils travaillent beaucoup sur nos thématiques que sont la nature, la planète. Ils ont des grands paysagistes, mêmes dans l’histoire de la photographie.
Cette année, on expose le travail d’Ansel Adams par exemple. Les Américains sont sensibles à l’environnement et à la préservation de la nature. C’est le premier pays qui a protégé les sites naturels en créant les parcs naturels régionaux.
En quoi la photo peut être un vecteur de sensibilisation à la défense de l’environnement et à la protection des espaces ?
Parce qu’elle montre le paysage. C’est un médium idéal pour montrer l’état de la planète d’une façon très évidente.
Qu’est-ce que la programmation de cette année nous apprend sur les relations de l’homme avec son environnement ?
On aborde cette question par des expositions de photographies de paysage. Cette année, par exemple, on a deux expositions sur le Morbihan de deux photographes qui ont une écriture photographique et un regard très différents : Georges Mérillon et Patrick Messina. On parle d’un territoire de proximité que les habitants de La Gacilly connaissent bien puisque c’est chez eux.
Ces deux photographes ciblent exclusivement le Morbihan, une zone géographique déterminée tandis que d’autres photographes prennent des photos vues du ciel, comme David Maisel avec ses images cartographiques, ou Pete McBride qui parcourt tout le Colorado…
Pete McBride est un photographe d’une quarantaine d’années du National Geographic qui a travaillé sur le Colorado. L’ensemble de son travail est concentré sur cette zone géographique : c’est son fleuve, son sujet. Il a été publié dans National Geographic sur tout support confondu : presse magazine, livre, vidéo. C’est un travail de fond, de longue haleine. Le Colorado est un grand fleuve des États-Unis qui en traverse une grande partie et qui est en train de mourir.
Quand on a commencé l’editing de l’expo, la dernière image était celle d’un fleuve asséché. Mais il se trouve que depuis peu, l’eau revient dans le Colorado, ce qui est certainement la conséquence de mesures prises par le gouvernement. On a donc rajouté une photo faite en mars ou avril qui témoigne de cette actualité. Ce fleuve mythique traverse aussi bien les grandes chaînes de montagne que des endroits encore très sauvages ou des lieux touristiques et très consommateurs d’eau comme Las Vegas (en plein désert mais regorgeant de pelouses de golf et de piscines). Dans ces zones, l’eau est consommée de façon excessive et démesurée au détriment d’espaces sauvages totalement dévastés. Le Colorado est symptomatique des États-Unis dans leur diversité et leurs excès. Ce pays est à la fois capable de sauvegarder des espaces naturels et les détruire quelques kilomètres plus loin. L’histoire de Pete McBride sur le Colorado n’est pas qu’une histoire environnementale. Elle parle aussi de la société américaine, de la société de consommation.
Et David Maisel photographie des sites américains pollués qu’il traite avec un graphisme extrêmement pictural et esthétique. L’horreur est-elle belle ? C’est cette question qu’il soulève.
On passe d’une échelle à une autre : du travail de David Maisel aux photos de la Nasa en passant par des projets plus locaux. Pourquoi passer, dans un même festival, de la Bretagne à la lune ?
Chaque année, on essaie de parler du monde entier. Même si on met en lumière un pays invité et que nous nous intéressons à des peuples de l’autre bout du monde, on a aussi envie de parler de territoires de proximité. Floriane de Lassée, par exemple, a fait le tour du monde pour photographier des gens qui portent leur vie sur la tête. Son sujet est attachant, humoristique et tendre.
Est-ce que cette programmation a pour objectif de nous donner des clés visuelles pour comprendre notre époque ?
Oui. Nous proposons un regard critique, c’est sûr, et un regard esthétique aussi. Car pour avoir envie de comprendre le monde, il faut avoir envie de l’aimer sans doute. Quand les gens quittent le festival de La Gacilly, ils nous disent souvent : « Que notre terre est belle ». Et ça, c’est le premier geste pour avoir envie de s’y intéresser. Telle est notre démarche : montrer que la Terre est belle, diverse et riche. C’est un sujet inépuisable et passionnant.
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