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Les douces banlieues archivées par Laure Vasconi

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La photographe Laure Vasconi a fait partie de l’aventure France(s) Territoire Liquide depuis ses débuts. Particulièrement engagée professionnellement dans les banlieues, elle a voulu travailler sur ce territoire souvent stigmatisé et craint. En donnant la paroles aux habitants de deux quartiers, elle donne une voix aux histoires heureuses de la banlieue, celles qu’on n’entend presque jamais.



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► ► ► Cet article fait partie du dossier 43 Photographes regardent la France

Our Age is 13 : Comment avez-vous découvert France(s) Territoire Liquide ?
Laure Vasconi : J’étais très proche de Jérôme Brézillon, l’un des quatre fondateurs, donc j’ai été mise au courant du projet dès le départ. On m’a demandé si je souhaitais participer et j’étais partante.

Qu’est-ce qui vous intéressait dans le projet ?
J’avais très envie de travailler en collectif. Ça me faisait plaisir qu’on se rassemble au niveau national, qu’on croise nos regards sur le territoire et la photographie. On avait envie de proposer notre regard face à la vision qui était donné de la France et qui n’avait pas été revue depuis les années 1980, à part par Raymond Depardon.


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Vous avez donc décidé de travailler sur la banlieue parisienne ?
Oui, connaissant bien la banlieue, je voulais absolument continuer à y travailler. Je me suis concentrée sur deux quartiers très précis : la cité-jardin de Stains, une cité ouvrière du début du siècle, et la cité du Noyer-Renard à Athis-Mons, un quartier de barres HLM des années 1960 qui est en totale destruction-rénovation. J’ai rencontré les gens du quartier et j’ai passé énormément de temps à parler avec eux, à écouter leurs histoires. De fil en aiguille, j’ai eu envie de les faire parler, notamment à travers leurs archives et leurs récits. Pour la première fois, je n’ai pas fait de photographies moi-même. J’ai fait une sorte de collecte d’archives que j’ai mis en forme dans un journal.


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Quand on réfléchit à des projets photo sur la cité, notamment dans la photographie de paysage, on pense plutôt à des photos de barres d’immeubles et d’architectures impressionnantes…
À chaque fois qu’un travail est créé sur la banlieue, on est quasiment systématiquement dans des images qui connotent l’échec. Mais moi, c’est l’inverse que j’ai vécu. Les gens que j’ai rencontré ont des souvenirs heureux dans leur cité. Ils ont un regard critique sur leur lieu de vie, mais pas négatif. Les gens aiment leur cité. La preuve en est qu’Athis-Mons a été rasé puis reconstruit, et les gens sont maintenant moins heureux dans leurs quartiers rénovés. Dans leur cité d’avant, ils avaient beaucoup de souvenirs de bonheurs et c’est ces instants-là que j’ai voulu raconter. J’ai voulu connoter la cité mais dans l’autre sens. Bien sûr, il y a des histoires tragiques, comme partout, mais il s’y passe aussi de très belles histoires : des gens qui ont fondé une famille, qui travaillent, des vies qui se sont construites…. Il n’y a pas que des histoires d’échec et de chômage.


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Vous faites la nuance entre un discours critique et négatif. Pouvez-vous l’expliquer ?
L’une des personnes que j’ai rencontrées, David, est très critique sur la rénovation d’Athis-Mons. Pour sa photo, il s’est mis en scène dans le décor parfait de sa cité parfaitement rénovée, mais où il vit finalement moins bien qu’avant. Si tout est joli en façade, à l’intérieur c’est mal construit. Il est critique face au discours politique qui veut faire croire que la vie est meilleure maintenant, mais pour autant, il n’est pas négatif sur le lieu où il vit.

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