Si Bastian Kalous a des rêves de grandeur, ceux-ci sont à l’image de sa simplicité. Ce n’est pas l’immensité des villes qui l’attire, mais celle de la forêt. Avec comme compagnons d’errance, sa femme et son chien, cet infirmier bavarois a fait des arbres et des grandes étendues sa nourriture spirituelle.
| Toutes les photos, © Bastian Kalous
► ► ► Cet article fait partie du dossier Des photographes en quête d’espaces sauvages
Grand observateur de la nature, Bastian Kalous appréhende la forêt comme le dernier refuge de la vie sauvage. Les photos de l’artiste activent en nous un désir de vie simple qui, loin d’être d’un autre temps, est une réaction aux modes de vie contemporains. Ces grandes étendues d’arbres, ces rivières qui sillonnent les terres vallonnées semblent être les derniers bastions de résistance face au fourmillement des villes et au stress dû à l’accroissement de la vitesse des flux humains et économiques. A regarder ses photos assis à nos bureaux, son bonheur empreint de nature idéalisée nous semble inaccessible. Pourtant, chacune de ses photos nous le montre à portée de main.
Des forêts bavaroises au Canada en passant par l’Atlantique Nord, sa soif d’étendues sauvages semble grandir à chaque excursion. Ici, une série de polaroids réalisée lors de son voyage dans des fjords à l’ouest de l’Islande.
Les titres de ses photos reflètent parfois la position du photographe dans ce qui l’entoure. C’est ce point de vue humain qui donne à son travail une dimension de nostalgie et de vénération de la nature.
Ses polaroids sont des appels à reconstruire notre rapport à celle-ci : y trouver sa place, se sentir entourée par elle, mais aussi savoir accueillir les cadeaux qu’elle nous offre.
Ses photos sont une invitation à être simplement là.
Sa vision n’est toutefois pas exempte d’une certaine angoisse des conséquences de la présence de l’homme ces espaces ; présence perçue comme trop souvent parasite et destructrice.
Si toutes ses photos sont prises spontanément et suivent toute une même ligne directrice, elles se présentent pratiquement toutes en petites séries où chacune d’elles renvoie à un moment passé en forêt, en randonnée ou en voyage. En traitant spécifiquement du rapport de l’artiste à son environnement, sa série « Senses » est représentative de l’ensemble de son travail. Il y déplore une perte de la sensibilité et de l’intuition du fait du recours croissant à des béquilles technologiques tels que le GPS et Internet : « De nos jours, on devrait être plus souvent et davantage à l’écoute de nos propres sentiments. A l’heure d’Internet et de la navigation GPS, c’est un art, ou plutôt un instinct que nous ne devons jamais perdre. Cette série de photo est conçu pour encourager à faire confiance à son intuition et à tous ses sens, afin de sillonner le monde, à nouveau. »
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