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La double première fois de Josh Lustig : faire un livre et l’éditer

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Josh Lustig est responsable photo à l’agence Panos, située à Londres. En 2013, il se lançait dans deux nouvelles aventures : celle d’éditeur en créant une section livres photographiques au sein de la petite maison d’édition indépendante Tartaruga, jusque-là principalement dédiée à la musique, et celle d’auteur en y publiant son livre, The Marshes. Il nous parle de cette double « première fois. »

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OAI13 : Quelle est l’histoire de ce livre, The Marshes ?
Josh Lustig : Pendant l’hiver 2011/2012, j’ai commencé à prendre des photos dans une partie de Londres qui se situe entre nature et ville, les Hackney Marshes (zone de marais), sans but précis, avec un appareil argentique 35 mm et de vieilles pellicules Ilford FP4. L’ambiance était donc plutôt aux demi-teintes et à la mélancolie ! Ce n’est que quelques mois plus tard, devant des tirages (les avoir sous les yeux rendent toujours les choses un peu plus concrètes), que l’idée d’en faire quelque chose est née. J’ai commencé à éditer les images en courtes séquences narratives, mais ça ne me suffisait pas. J’ai contacté mon ami Samuel Wright, un excellent écrivain, et c’est là que ça a vraiment commencé. Pendant les six mois suivants, nous avons travaillé ensemble : il écrivait puis je shootais, ou l’inverse.
Le livre en lui-même a pris forme grâce la collaboration de Daisy Lumley, une amie et une formidable graphiste.

Josh Lustig, The Marshes

Josh Lustig, The Marshes

OAI13 : Ce projet de livre a été le déclencheur pour te lancer dans l’édition ?
J. L. : Oui. A partir du moment où le projet est devenu réel, j’ai toujours su que je le publierai moi-même. Non seulement je ne voyais pas trop qui cela aurait pu intéresser, mais surtout je voulais contrôler le produit final de A à Z. Il comporte beaucoup d’éléments faits main : la sérigraphie de la couverture, la reliure cousue… et je tenais à m’investir dans le processus.
Ensuite, après m’être occupé de l’impression, de la distribution etc., j’ai pensé que ce serait chouette de continuer en publiant les travaux d’autres personnes. Nous n’avons toujours pas sorti de deuxième livre — c’est une entreprise longue et complexe, surtout quand on a un boulot à plein temps ailleurs ! Mais nous avons des projets excitants en tête. C’est un travail d’amour. Je n’ai aucune idée de la façon dont on gagne sa vie avec ça… si ce n’est en imprimant en Chine à coups de 10 000 exemplaires… et de se débrouiller pour que Martin Parr et Gerry Badger en parlent !

Josh Lustig, The Marshes

Josh Lustig, The Marshes

OAI13 : Mais pourquoi as-tu commencé par là, par ton propre livre ?
J. L. : C’était à la fois le premier livre que je publiais et le premier édité par Tartaruga. Dans un sens, cela rendait la possibilité de tout foirer un peu plus supportable ! J’aurais détesté massacrer le travail de quelqu’un d’autre. Alors que là, au moins, je pouvais me permettre de prendre ce risque !

OAI13 : Tu as rencontré tes attentes ? Tu as eu des déceptions ?
J. L. : J’ai fait le livre ! Jusqu’à la toute fin, je n’étais pas sûr à 100% que cela réussirait. Lorsqu’on fait tout soi-même, les retards s’accumulent, les imprévus aussi… Nous comptions le sortir en février 2013. Les images et les textes étaient prêts avant Noël, et la maquette était en bonne voie. Naïvement, je pensais que ce serait la partie la plus facile, mais quand on a affaire à des narrations un peu complexes, c’est en fait l’aspect le plus important, qui demande une très grande attention. Finalement, le livre est sorti en juillet. J’ai été un peu déçu par la gamme tonale de l’impression sur le papier mat, mais c’était plus une conséquence de mes décisions, prises en fonction du papier et de la quantité d’encre, que la faute de l’imprimeur — excellent par ailleurs.

OAI13 : Qu’as-tu ressenti quand tu as tenu pour la première fois en main ce premier livre ?
J. L. : Sincèrement ? Je suis quelqu’un de très critique. J’ai ressenti de la fierté, mais en gros, je ne voyais que les erreurs ! Mais ça, c’est moi. J’avais vécu si longtemps avec ce projet que lorsque les exemplaires ont fini par arriver, j’ai eu plutôt le sentiment d’une descente. Mais c’est passé maintenant, et je suis très heureux de ce livre. Bien sûr, aujourd’hui, il y a des choses que je modifierais et d’autres que je ferais autrement, mais je suis super content des réactions positives qu’il a suscitées. Cette édition — tirée à 300 exemplaires — est quasi épuisée, ce que je prends pour une bonne chose !

Josh Lustig et Samuel Wright, The Marshes

OAI13 : Une petite conclusion sur cette double première expérience ?
J. L. : Je pense que publier son propre travail a deux aspects : d’un côté, c’est plus facile… Je connais très bien la matière et je connais aussi les gens à qui je pense que ça plairait, donc j’ai la motivation pour les contacter et en parler avec eux. De l’autre, c’est que si on est comme moi — très critique, très exigeant avec soi — ça fait parfois bizarre de « crier » sur son propre travail ! Heureusement, c’était une collaboration, et le texte est bien meilleur que les photos, donc j’avais le droit de les critiquer ! Mais en tant que livre, je pense sincèrement qu’il est intéressant.
Donc au final, cette première tentative en tant qu’éditeur a été une bonne expérience. Le fait que ce soit avec mon propre travail m’a libéré de la peur de faire des erreurs. Mais je serais comblé de pouvoir promouvoir celui d’autres personnes, comme j’espère le faire bientôt. Je sortirai peut-être un autre livre en tant qu’auteur, mais pas tout de suite.

The Marshes, de Samuel Wright et Josh Lustig, Tartaruga, £ 22.
www.tartaruga.co.uk

Josh Lustig et Samuel Wright, The Marshes

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