Cet article fait partie du dossier de la semaine du 16.04.14 : OAI13 à New York
Rencontrée dans la cave d’une salle de concert dans le sud de Manhattan, Louisa Marie Summer est une photographe new-yorkaise allemande. Toujours équipée de son sac à dos et jamais sans son vélo, elle parcourt la ville au rythme trépidant de la Big Apple. Diplômée de la prestigieuse Providence Photography School, elle s’illustre dans la photographie documentaire et sociale avec des sujets forts et au long cours. Elle partage son expérience de New York avec vous, lecteurs d’OAI13.
OAI13: Comment es-tu devenue photographe à New York ?
Louisa Marie Summer : J’ai déménagé aux Etats-Unis pour faire un master de photographie. Je viens de Munich, en Allemagne. Je voulais quitter l’Allemagne pour découvrir autre chose et j’ai intégré la Providence Rhode Island Photography School, qui ne prend que 7 étudiants par an. J’ai suivi leurs cours durant deux ans et j’ai obtenu mon diplôme en 2010. Après cela, j’ai obtenu un visa de travail, puis un visa d’artiste.
Qu’est-ce qui t’as séduit à New York ?
L’énergie qui se dégage de la ville, son caractère multiculturel, sa scène artistique… Tout ça me donne beaucoup d’inspiration et crée toute sortes d’opportunités. Mais en même temps, c’est aussi une ville très concurrentielle.
Comment fais-tu pour trouver le bon équilibre ?
J’essaye de quitter la ville régulièrement. J’aime beaucoup la nature donc si je reste trop longtemps en ville, j’ai tendance à devenir un peu folle. Je travaille aussi pas mal en Europe, ce qui me permet de respirer. Dès que je reviens à New York, le rythme est toujours deux fois plus intense.
Qu’est-ce qui t’inspire dans cette ville ?
J’aime beaucoup la lumière, particulièrement en hiver. Je viens de Munich qui est une ville très propre et rangée. Ici, je vis à Bushwick, un quartier plein de graffiti, loin d’être parfait et c’est ce que j’aime.
As-tu déjà fait un projet personnel sur New York ?
Non, pas encore. Parfois je me demande pourquoi je ne l’ai pas encore fait, mais je suppose que quand on vit dans une ville, on se concentre nécessairement sur toutes les autres choses que l’on a à faire. Quand je fais un projet, j’ai besoin de m’y consacrer entièrement. Je ne peux pas me permettre de simplement faire des images entre deux rendez-vous. Je pense aussi qu’il y a tellement de photographies qui ont été faites de New York, ça peut être intimidant de s’y mettre également.
Comment crée-t-on son carnet d’adresses ici ?
Personnellement, je préfère rencontrer les gens en personne. Il y a plein de vernissages et autres évènements photo où l’on peut se rendre toutes les semaines pour rencontrer des acteurs de la photographie. J’ai envie de nouer des relations avec le milieu des musées, des galeries et des collectionneurs. C’est un monde très différent de la photographie documentaire et sociale.
Est-ce facile d’accéder à des personnalités importantes ?
Bien sûr, cela dépend du contexte. Durant les premiers mois où j’habitais ici, personne ne me connaissait ou ne me reconnaissait. Mais maintenant, à force d’être sur place, les gens finissent par me croiser et se souvenir de moi. Il est beaucoup plus facile ici de se faire un bon réseau. Ça se passe à l’américaine, à coups de discussions de comptoirs et de petites blagues. Ici, on peut rencontrer des éditeurs ou des galeristes importants sans que ce soit une grosse affaire. Les New-Yorkais sont toujours ouverts au « networking ». On ne sait jamais qui on rencontre ! Par exemple, l’autre jour je suis allée chez mon médecin qui s’est avéré être aussi un collectionneur averti.
Voudrais tu rester à New York ou vas-tu retourner en Allemagne ?
Mon visa d’artiste expire cette année, donc je vais devoir m’interroger sur mon avenir. Peut-être que je pourrais bouger. Le monde est grand… Je trouverais bien quelque part où aller.
Toutes les images : Louisa Summer
Site : louisasummer.com