Comme chaque année depuis 14 ans, les Boutographies ont pour ambition de montrer un échantillon de la jeune photographie européenne au Pavillon Populaire de Montpellier. Cette année parmi les 15 photographes, OAI13 vous présente ses deux coups de cœur : Elena Chernyshova et Miho Kajioka.
Elena Chernyshova, Jours de nuit et nuits de jours
Elena Chernyshova est russe. Elle est arrivée en France à vélo il y a cinq ans et s’est installée dans le sud de la France.
Bercée dans l’enfance par des contes nordiques, elle rêvait depuis longtemps d’aller expérimenter la vie dans une ville polaire, là où il fait nuit et froid assez longtemps. C’est ainsi qu’elle s’est retrouvée à passer près de 8 mois à Norilsk, la plus grande ville de l’extrême nord, située à 400 km au-dessus du cercle polaire. Aucune route ne mène à Norilsk, seul un voyage en avion permet d’y atterrir. La ville exploite des sources minières et fait tourner des usines métallurgiques.
Là-bas, la température moyenne est de -10° et peut descendre jusqu’à -55°, le soleil ne se lève pas pendant 9 mois et la ville figure parmi le top 10 des endroits les plus pollués. Elena Chernyshova a voulu étudier photographiquement les capacités d’adaptation de l’être humain dans des conditions extrêmes.
Site internet : elena-chernyshova.com
Miho Kajioka, As it Is
Miho Kajioka a commencé par étudier la photographie. Mais alors qu’elle se consacrait naïvement à cette passion en voulant photographier la beauté, elle évoluait avec des jeunes qui tous avaient des histoires dures.
Elle est alors revenue à son premier amour, la beauté. Partout où elle passait, elle s’est mise à photographier les détails qui captaient son œil : le beau, même là où chaos fait loi. La série de Miho Kajioka s’appelle « As it is », en français « C’est ainsi ». Aux yeux de la nature, il n’y a ni bonheur ni malheur, il n’y a que le naturel et la beauté qui en émergent.
Site internet : mihokajioka.com
La photographe écrit :
« Deux mois après le désastre, alors que j’étais en reportage dans la ville de Kamaishi, où plus de 800 personnes ont péri, j’ai trouvé des rosiers en fleur derrière un immeuble dévasté. Ce mélange de grâce et de destruction a évoqué pour moi ce poème japonais du moine Zen Dogen :
Au printemps, fleurs de cerisier
A l’été, le coucou
En automne la lune, et en
Hiver la neige, claire, froide
Les roses que j’ai vues à Kamaishi fleurissaient simplement parce que c’était le printemps. »