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Fashion Week : non, le smartphone ne remplace pas le photographe de backstage

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Photographier la Fashion Week c’est aussi en photographier les coulisses. La photographie de backstage correspond à un style spécifique dans lequel de nombreux photographes se sont illustrés. Mais ces dernières années, le smartphone a provoqué une multiplication incroyable de ces images qui se diffusent rapidement sur Internet. Les mannequins, les coiffeurs, les stylistes, les blogueurs sont devenus autant de photographes potentiels de backstage. Le métier de photographe s’adapte-t-il à cette évolution ? Comment ? OAI13 a posé la question à quelques photographes.



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© Jim Rosemberg



► ► ► Cet article fait partie du dossier OAI13 fait sa Fashion Week


« Chaque photographe a sa propre approche de la photographie de backstage. Pour ma part, j’aime me placer comme témoin, être là en observateur, discret, graviter autour et dans la fourmilière », Jim Rosemberg

Photographe de backstage de Fashion Week, ça consiste en quoi ?

Vous allez me répondre : « Des photos dans les coulisses des défilés. » C’est vrai que comme ça, ça à l’air simple. En fait, il existe autant de définitions que de photographes (oui, rien que ça). Pour Jim Rosemberg, le backstage consiste à être un « témoin de la fourmilière ». Pour Vincent Lappartient, ex-photographe de presse, il s’agit de « raconter une autre histoire que celle racontée sur les podiums ». Et pour Guillaume Roujas, la photographie de backstage correspond à deux types d’images très précis :

« Il y a deux types très distincts de photographies de coulisses de défilé : celui qu’on appelle à proprement parler le « backstage » et celui que l’on nomme le « first look ». Les deux se déroulent dans les coulisses des défilés de mode, mais ne consistent pas en la même chose et ne donnent pas lieu aux mêmes accréditations. Photographier du « backstage » consiste à travailler en coulisses sur la préparation des mannequins : leur arrivée, la coiffure, la manucure, le maquillage et dans une certaine mesure l’habillage. Il faut réussir à capter l’ambiance stressée et enjouée de ce moment très particulier. La phase d’habillage qui précède de peu le début du défilé n’est pas toujours accordée a la vue des photographes de « backstage », c’est là qu’intervient l’accréditation « first looks ». Au moment des « first looks » les mannequins seront visibles et photographiés avant leur montée sur le runway, dans les tenues avec lesquelles ils défilent. »



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© Vincent Lappartient

« Il y a beaucoup de gens qui font des photos avec leur smartphone, mais comme à un concert, un musée, un restaurant ou autre »

Vincent Lappartient

Ce que la photo au smartphone change

À une époque où seuls les photographes immortalisaient les backstages, il ne faisait aucun doute sur le rôle de leurs images. Mais aujourd’hui, tous les acteurs présents dans les coulisses sont des photographes potentiels. Le mannequin qui a besoin d’entretenir sa popularité numérique va se photographier dans les coulisses. La marque qui veut se servir de la popularité d’un blogueur va l’inviter à faire des photos au smartphone dans les coulisses de son défilé. Le coiffeur qui veut partager ses créations va également capturer son travail.

Dans cette jungle, comment s’y retrouve le photographe ? Pour Jim Rosenberg, Le smartphone n’a pas changé grand chose. Il fait du backstage depuis moins de 5 ans et il est souvent placé par son agence comme le « photographe de la maison » qui capture toute la mise en place depuis le début de l’évènement, avant l’arrivée des photographes pour la presse. Guillaume Roujas, lui, a un avis différent sur la question : « Quitte à enfoncer une porte ouverte, le smartphone a littéralement bouleversé la donne, mais pas vraiment le métier. » L’intérêt du smartphone, c’est l’immédiateté de la publication. Aujourd’hui, la popularité sur les réseaux sociaux est une donnée très importante et la publication d’images en direct y participe grandement. Vincent Lappartient, conscient de cette nouvelle donnée, s’est adapté en travaillant plus vite : « Pour répondre à l’exigence de rapidité des marques, il peut m’arriver de m’asseoir dans un coin, à la fin du défilé, et d’éditer mes images, les retoucher légèrement et les envoyer dans la foulée. Certaines de mes photos peuvent ainsi être partagées sur les réseaux sociaux de la marque. » Faut-il donc être un photographe ultra rapide pour faire concurrence au smartphonographe ?



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© Guillaume Roujas

« Les marques veulent tout et tout de suite. », Guillaume Roujas

Le backstage, un style qui répond à des critères techniques précis

Non asbolument pas. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, la photographie de backstage n’a pas pour seul objectif de témoigner d’un défilé. Certains photographes ont pour mission de réaliser un reportage esthétique sur l’évènement, et d’autres de faire des photos assez techniques qui répondent à des demandes bien précises de leur client. Guillaume Roujas témoigne :

« Beaucoup de magazines de mode, surtout les très importants, préparent chaque saison des carnets de tendances. Ces images sont produites en grande partie par les photographes de backstage lors de la Fashion Week. Patiemment, on doit photographier chaque maquillage sur chaque mannequin, chaque coiffure. Pour ce type de photo, les magazines n’exigent pas du style mais plutôt des images très propres. Souvent, on travaille de près et au flash pour bien séparer chaque détail. Par contre, les marques ont des besoins différents. Elles veulent tout (et tout de suite). Un défilé de mode coûte extrêmement cher et requiert un bon nombre de sponsors et de partenaires. Les marques ont besoin d’images qui satisferont leurs partenaires : produits cosmétiques, marques de chaussures, accessoiristes, etc. On doit montrer en détail la qualité des maquillages, le détail des tissus, les accessoires. C’est un véritable travail de placement de produit, du pinceaux à maquiller jusqu’au sac à main. »

Bien entendu, il est impossible de répondre à ces besoins avec un smartphone. Le photographe reste un maillon essentiel du backstage d’une Fashion Week.



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© Jim Rosemberg

Deux types de photographies pour des utilisations différentes

Le photographe et le smartphone ne sont pas en compétition. Chacun d’entre eux répondent à des besoins précis des acteurs autour d’un défilé. Guillaume Roujas confirme : « Même s’il y a un besoin très rapide d’images fortes qui serviront la communication et le buzz, le milieu de la mode reste un milieu très sensible à l’esthétique de l’image. Il y aura toujours, pour chaque marque, un photographe (ou plus) dont le travail sera avant tout de faire de la très belle photographie. » Vincent Lappartient, Jim Rosenberg et Guillaume Roujas sont les auteurs de ces belles photographies. OAI13 vous laisse avec leurs images. Bonne Fashion Week !



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© Guillaume Roujas



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© Guillaume Roujas



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© Vincent Lappartient



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© Vincent Lappartient



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© Jim Rosemberg



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© Jim Rosemberg

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Molly Benn a co-fondé OAI13 en septembre 2013. Elle en a été la rédactrice en chef jusqu'en 2015. Elle est maintenant Community Editor FR pour Instagram. Ses opinions sur OAI13 sont les siennes et pas celles d'Instagram.

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  1. […] "Photographier la Fashion Week c’est aussi en photographier les coulisses. La photographie de backstage correspond à un style spécifique dans lequel de nombreux photographes se sont illustrés. Mais ces dernières années, le smartphone a provoqué une multiplication incroyable de ces images qui se diffusent rapidement sur Internet. Les mannequins, les coiffeurs, les stylistes, les blogueurs sont devenus autant de photographes potentiels de backstage. Le métier de photographe s’adapte-t-il à cette évolution ? Comment ? OAI13 a posé la question à quelques photographes. […]"  […]

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