Alors que la MEP lui consacre une exposition et qu’il s’affiche dans le métro parisien, les Editions Textuel publient une anthologie du travail photographique d’Harry Gruyaert. Un ouvrage indispensable pour saisir toute la profondeur de l’œuvre de l’artiste belge.
La préface de l’ouvrage, écrite par François Hébel, fait le récit du parcours du photographe et offre ainsi de belles pistes de lectures de son œuvre. Harry Gruyaert est né à Anvers en 1941. Il s’oriente d’abord vers une école de Cinéma à Bruxelles et réalise des petits films en 16mm. Dans les années 60, il travaille comme chef opérateur pour des documentaires télévisuels. En 1962, il part à Paris pour devenir photographe de Mode et réaliser des commandes publicitaires. Lorsqu’il se rend au Maroc pour réaliser une commande, il a une révélation. Ce voyage sera décisif et le transforme rapidement en globe-trotter. Il a documenté différents pays et événements comme les Jeux Olympiques de Munich en 1972. Gruyaert fait partie de l’agence Magnum depuis 1981.
Galway, Irlande, 1988
Les photographies d’Harry Gruyaert se situent en parfait équilibre entre ces différentes dimensions de sa biographie. S’il s’apparente à la photographie documentaire, ses compositions rappellent sans cesse son désir d’expérimentation artistique et conceptuelle. Il ne décrit jamais un pays par sa population dont il cache souvent les visages, mais se sert des silhouettes pour créer une dynamique graphique sensitive. Il rompt toute possibilité narrative : toujours situées dans l’espace publique, ses photographies semblent montrer les non-dits, les silences et de l’incommunicabilité entre les gens.
Boom, Belgique, 1988
Pour lui la photographie est bien plus sensorielle que documentaire. Loin du naturalisme, l’image lui permet de transmettre une sensation, de voyager vers une autre ambiance quitte à s’éloigner de la réalité. Et la couleur est le principal terrain de jeux d’Harry Gruyaert.
Les Halles, Paris, 1985
« La couleur est plus physique que le noir et blanc, plus intellectuel et abstrait. Devant une photo en noir et blanc, on a davantage envie de comprendre ce qui se passe entre les personnages. Avec la couleur on doit être immédiatement affecté par les différents tons qui expriment une situation » Harry Gruyaert.
Grâce aux contrastes et à l’intensité des teintes, le photographe sublime les scènes quotidiennes, les décors banals. Il y a une profonde mélancolie qui plane et, en bon héritier de la peinture Flamande, il manie les ombres pour mieux faire ressortir la lumière et les émotions.
Thermes, Ostende, Belgique, 1988
Sans logique chronologique ni géographique, le livre présente les images dans une mise en page limpide. Les légendes sont réunies dans un index à la fin du livre comme pour ne pas parasiter la rencontre entre l’œil et les photographies. On se balade alors tranquillement, au gré des couleurs et des compositions, dans l’univers d’Harry Gruyaert.
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Harry Gruyaert, Harry Gruyaert
Editions Textuel
55 euros
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