A la librairie Chapitre de la Poudrière, à Perpignan, trônent en bonne place les ouvrages de l’invité d’honneur, Don McCullin. À côté des deux gros volumes consacrés à son expérience de photographe de guerre, un petit livre à couverture blanche détonne. Dessus, en lettres noires, ressort le nom « The Beatles ». Quoi ? Le seigneur de la photographie de guerre et les quatre garçons de Liverpool ? C’est quoi cette histoire ?
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L’été 1968, John Lennon, Paul McCartney, Ringo Starr et George Harrison, en plein enregistrement de l’album blanc, téléphonent à Don McCullin pour lui proposer de passer une journée de prises de vue avec eux. Le deal : 200 £, les négatifs et les droits pour le photographe. « Ce qu’ils ne savaient pas, c’est que je suis pratiquement entré en lévitation à ce moment-là. Les 200 £, je le leur aurais donné moi ! », écrit Don McCullin dans la préface de l’ouvrage.
Un autre regard
Et un dimanche, il est parti rejoindre « le groupe le plus célèbre du monde ». Seule contrainte : fournir au magazine Life une image de Une. A la fin de la journée et 15 films plus tard, il avait réalisé quelques photographies couleur et des dizaines de noir & blanc. De l’immeuble du Sunday Times à King’s Cross puis dans l’Est End et la maison de Paul, les quatre musiciens ont posé, ensemble ou séparément. The Beatles avaient été photographiés par à peu près tous les grands : Avedon, Parkinson, Bailey… Avec McCullin, ils cherchaient une autre approche. « Le travail de Don se concentrait vraiment sur le visage humain », raconte Paul dans l’avant-propos.
The Mad Day Out
Ce livre présente une sélection des clichés réalisés lors de The Mad Day Out (« La folle journée dehors »), comme l’appelleront les Beatles. De ces scènes à l’ambiance très variée se dégage une indiscutable mais sereine nostalgie, à la fois pour ce groupe (tout particulièrement à ce moment-là de leur carrière) et pour l’époque. Sous l’objectif de Don McCullin, les quatre se figent ou s’agitent, jouent un rôle ou se laissent dévoiler, escaladent le dôme en verre de la maison de Paul, jouent du piano avec un perroquet, tombent la chemise et entrouvrent le pantalon… avec, en filigrane permanent, un rapport ironique envers eux-mêmes.
Dans sa préface, Don McCullin conclut ainsi ce shooting hors du commun : « Ils se sont jetés dans des mises en scène, des situations. Ils se sont complètement ouverts. Ils me donnaient des occasions en or, et puis ils reprenaient la main. Ils ont bien fait. » La dernière photo du livre a été mise en scène par John Lennon. Sous les regards de Paul, George et Ringo, il gît sur le pavé, la bouche ouverte, les yeux fixes. Comme mort.
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Se procurer le livre sur internet :
A Day in the Life of The Beatles, Don Mc Cullin, édité par Rizzoli
144 pages
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