Dimanche 8 septembre, à Toulouse, 6 professionnels de la presse papier se réunissaient autour d’une table pour échanger autour de « La faim de la photographie », thème de la conférence. Face à la crise de la presse, comment ré-inventer la diffusion de la photographie ? La presse papier a-t-elle toujours un modèle viable à proposer ? Quid de la presse numérique ? Un avenir est-il possible ? Bruno Bonnabry-Duval, éditeur de la revue Caméra, Dimitri Beck, rédacteur en chef de Polka Magazine (sur papier et tablette), Anna Alix Koffi, fondatrice et rédactrice en chef de la revue Off the Wall, Santiago Mendieta, fondateur et rédacteur en chef de la revue Gibraltar, Marie-Pierre Subtil, rédactrice en chef de la revue 6Mois et Aurore Valade, chroniqueuse et responsable photo du magazine Le Tigre ont, ensemble, abordé ces questions autour de Christian Thorel, directeur de la librairie toulousaine Ombres blanches, qui animait le débat.
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Cela fait maintenant presque dix ans que les acteurs du papier se réunissent entre eux pour échanger autour des difficultés économiques que le secteur rencontre, et près de 10 ans que les conclusions restent les mêmes. Dix ans que l’on entend : « Internet, c’est le chaos » ou « Il n’y a pas de modèle économique ». Dix ans que le papier s’oppose au Web sans vraiment savoir ce qu’il qui il combat exactement et s’il y a lieu de s’affronter.
Cette conférence nous a beaucoup questionnés au sein de la rédaction d’Our Age Is Thirteen, car si nous partageons beaucoup des positions qui ont été prises, comme l’importance du papier pour la photographie, nous avons voulu revenir sur certains points et y apporter notre éclairage.
Deux médias au service de la photographie
[pullquote type= »2″ align= »left »] »Dans une revue, il y a une maquette, un chemin de fer, une cohérence. »
– Aurore Valade, Le Tigre
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Pour la majorité des acteurs de cette table ronde, le papier reste le meilleur écrin pour la photographie. Bruno Bonnabry-Duval explique qu’ « Internet est un média de consultation quand le papier est un média de conservation ». Et Aurore Valade souligne « l’absence de maquette sur Internet ». Les nombreuses publications papier sur la photographie sont, pour la plupart, un véritable bonheur. Physique, le papier se conserve, il apporte une information sensorielle. Objet clos, le magazine mène le lecteur aisément sur le chemin défini grâce à sa maquette et à l’organisation de ses articles. Mais les interfaces numériques ont elles aussi une carte à jouer pour la photographie. Les spécificités du Web comme l’interactivité et la contextualisation ont créé des formats intéressants pour l’image : la Petite Œuvre Multimédia (POM) est au centre de nombreuses conférences depuis plusieurs années et se diffuse petit à petit dans la presse Web (La Croix, Le Pèlerin, Rue89). Si le concept de montage de photos en diaporama n’est pas nouveau, la contextualisation de l’image dans un espace sonore (et vidéo dans le cadre du webdocumentaire) peut-être salué comme un bel apport du Web. On se souviendra de l’œuvre d’Olivier Jobard sur Mediastorm, Kingsley’s Crossing : un diaporama sonore de 20 mn absolument magnifique. D’autre part, contrairement à ce que l’on pourrait croire, certains sites Internet sont des objets maquettés, rubriqués, et l’information n’y est pas simplement entassée. Le site Snowfall du New York Times est un excellent exemple de ce que peut offrir le Web en termes de mise en forme et de graphisme. L’ensemble des informations s’y déroulent sur une même page grâce à l’agrégation de métadonnées, d’images et de vidéos.
Modèle économique, il faut chercher
[pullquote type= »2″ align= »left »] »Il n’y a pas de modèle économique sur Internet. »
– Santiago Mendieta, Gibraltar
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« Oui, le Web pourquoi pas, mais il n’y a pas de modèle économique », a-t-on entendu dimanche. Santiago Mendieta mentionne le site du Monde comme une excellente preuve de l’échec du numérique. Le Monde papier enregistre effectivement 94 millions d’euros de dette en 2010, mais Le Monde Interactif, son site internet, affiche un résultat net de 5,5 millions d’euros et un chiffres d’affaires de 21 millions d’euros. Ces chiffres sont révélateurs d’une situation paradoxale au sein d’un même groupe où le papier affiche une évolution économique périlleuse quand le numérique, lui, consolide sa progression. La recherche d’un modèle économique s’apparente à un Graal dont tout le monde parle mais que peu cherchent, finalement. Les revenus d’un organe de presse sont tirés de son audience, par l’exploitation d’espace publicitaire ou par la vente en masse d’objets d’information. Si les entrées d’argent manquent aux publications papier, peut-être faut-il s’interroger simplement sur l’audience même de ces publications. « Les gens n’achètent plus l’information » me répondra-ton. Mais le succès de magazine comme XXI et 6Mois ou le lancement très prometteur de la Revue Dessinée sont la preuve qu’une demande existe et et que le public a soif d’informations qualitatives. Finalement, plutôt que de perturber le marché de la presse papier, Internet a surtout ouvert la porte à de nouveaux formats hors des circuits traditionnels, ouvrant mille chemins possibles pour tous les créateurs d’histoires.
Quel espace pour la photographie sur Internet ?
Expositions virtuelles, expérimentations digitales, la photographie s’inscrit dans beaucoup plus d’objets numériques que le simple POM.
Le jeu vidéo Trauma utilise la photographie pour créer un univers virtuel où le joueur erre dans l’imaginaire d’une personne dans le coma et y résout des énigmes. Antoine d’Agata a exposé son travail Odysseia sur l’interface numérique d’Arte Creative, créant un pendant numérique à son exposition physique au Mucem de Marseille. Et malgré les difficultés de la presse, on continue de voir des initiatives pour la photographie dans le secteur Web comme les diaporama interactifs.
Chacun cherche son modèle et l’infini des possibilités qu’offre Internet reste une formidable chance pour tous.
La conférence organisée par le festival ManifestO a abordé plusieurs axes autour de la presse papier photographique. Et si les questions que soulève la presse numérique ont longuement été abordées, force est de constater que les revues papier sur la photographie sont aujourd’hui beaucoup plus nombreuses que les revues Web.
Alors, la faim de la photographie… Quels sens trouver à cette expression ? Faut-il y lire les difficultés économiques du secteur ? Faut-il y lire son homonyme « fin » ? Ou faut-il y lire l’envie des acteurs du milieu ? Certainement que ce rendez-vous rassemblait ces trois interprétations à la fois. Entre envies et peurs, il est parfois difficile de trouver son chemin.
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Un hamburger libre de droits, parce qu’on a faim nous aussi.
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METADONNÉES
Caméra, revue trimestrielle bilingue français/anglais
76 pages.
Format : 22,5 x 29 cm
Création : en 1922, puis s’interrompt en 1981. Relancée en janvier 2013.
Vente : en kiosque.
Prix : 9 €.
Publicité : non.
Site Internet : camera-publications.com
Application iPad : non.
Off the Wall, revue trimestrielle
186 pages.
Création : juillet 2013.
Vente : librairies spécialisées, concept stores.
Prix : 27 €.
Publicité : non.
Site Internet : en construction.
Application iPad : non.
Le Tigre, magazine mensuel
66 pages.
Format : 21 x 29 cm
Création : 2006, en hebdomadaire. Puis mensuel en 2007, bimestriel en 2008-2009, quinzomadaire en 2010, et à nouveau mensuel début 2011.
Vente : en kiosque.
Prix : 5,80 €.
Publicité : non.
Site Internet : le-tigre.net
Application iPad : non.
6Mois, revue semestrielle
350 pages.
Format : 21 x 28,5 cm
Création : 2011.
Vente : en librairie.
Prix : 25 €.
Publicité : non.
Site Internet : 6mois.fr
Application iPad : non.
Gibraltar, revue semestrielle
178 pages.
Format : 21 x 27 cm
Création : janvier 2013.
Vente : en librairie.
Prix : 17 €.
Publicité : non.
Site Internet : gibraltar-revue.com
Application iPad : non.
Polka, magazine bimestriel
194 pages.
Format : 21 x 27 cm
Création : 2007.
Vente : en kiosque.
Prix : 5,90 €.
Publicité : oui.
Site Internet : polkamagazine.com
Application iPad : oui.
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