À la Maison de l’Amérique latine se déroule une exposition que vous n’auriez certainement jamais eu l’idée d’aller voir : La fascination des sirènes de Fredi Casco. L’artiste paraguayen explore l’image document et l’histoire du Paraguay. Ce qui est intéressant, c’est qu’au travers de ce filtre historique, l’exposition traite de la dictature, de la manipulation des masses, de l’image et d’autres thèmes d’actualité.
Note de l’exposition : ★★★☆☆
Vos raisons d’y aller :
- Vous vous intéressez à l’histoire de la photographie, aux artistes pluridisciplinaires, à l’Amérique latine
- Vous aimez les projets artistiques qui traitent de problématiques politiques
Vos raisons de vous en passer :
- Vous ne vous intéressez pas à la photographie d’archive
L’artiste
Fredi Casco est un artiste, photographe et écrivain paraguayen. Son travail s’intéresse particulièrement au pouvoir des médias, à l’histoire et à la culture populaire. Il est né en 1967 et vit à Asuncion, au Paraguay.
L’exposition
Au premier abord, l’exposition est assez difficile d’accès. On entre dans une pièce où l’on voit des grandes photos floues de gens déguisés, des jeunes filles en robe blanche dont le regard est censuré, puis une série d’images d’archives, des valises photographiées, un mur de posters avec écrit « Killing » en rose fuchsia, des dessins et des photos de famille flashées. Mais a priori, en prenant le temps de lire les textes et en vous imprégnant des images, il y a beaucoup à apprendre de l’exposition. L’objectif de Fredi Casco avec cette exposition était, selon ses propres mots, de rendre « son sex appeal à l’image document ».
C’est vrai que ce type de photo est souvent associé à des recherches historiques et des concepts intellectuels parfois compliqués. Ici, dans l’exposition de Fredi Casco, c’est effectivement le cas, mais un véritable effort est porté sur l’accessibilité du contenu. Fredi Casco raconte son pays à travers des images d’archives de la dictature d’ Alfredo Stroessner au Paraguay, qu’il modifie subtilement : un masque sur un homme politique, des hommes en costumes dédoublés. On sait qu’on regarde quelque chose d’étrange avant de remarquer le détournement de l’image. Un peu plus loin, on retrouve ces mêmes images dessinées : les hommes politiques deviennent des fantômes d’un système corrompu. Ces photos ont d’ailleurs été développées par un laboratoire s’appelant FotoZombie. On retrouve aussi des photos de famille de l’artiste, qu’il a lui même re-photographié au flash. Sur ces images, on ne voit presque plus rien si ce n’est l’aveuglement sur un passé que l’on a fantasmé. L’exposition de Fredi Casco regorge de trésors. C’est vrai que pour les trouver il faut plonger dans l’exposition, mais si vous vous intéressez à l’histoire de l’Amérique latine et que vous l’âme d’un historien, cette exposition saura vous apporter son lot de surprises.