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Hiroshi Sugimoto « Aujourd’hui le monde est mort » au Palais de Tokyo

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Hiroshi Sugimoto dépasse le cadre de ses photographies en les mettant en scène au Palais de Tokyo. Une exposition trop ambitieuse que l’on parcourt avec ennui et qui montre que la mise en installation de photographies n’enrichit pas forcément le propos des images.

Notes de la rédaction : ★☆☆☆☆

Vos raisons d’y aller :

  • Vous ne ratez pas une expo de Sugimoto
  • Vous allez vous tromper de porte et entrer dans l’expo de Thomas Hirschorn

Vos raisons de ne pas y aller :

  • Vous voulez voir le travail photographique de Sugimoto
  • Vous n’aimez pas que les photos soient mises en scène (en décor ?)

Hiroshi SugimotoPhoto de l’exposition, André Morin


Mais qu’arrive-t-il à Hiroshi Sugimoto ? On aimait ses photos de salles de cinéma baignées de lumière (celle enregistrée par l’appareil photo pendant toute la durée de la projection du film, dans la série Theatres) ; on se perdait dans ses paysages dépouillés des océans du monde (série Seascapes). Mais voilà que ses photos sont mises à toutes les sauces, avec des accrochages forcés et indigestes qui utilisent les œuvres plutôt qu’ils ne les mettent en valeur.

Inutile d’incriminer un commissaire d’exposition, c’est bien Sugimoto qui est responsable de la présentation de ses photos. Déjà aux Rencontres d’Arles 2013, ses paysages marins et nocturnes très agrandis par rapport au format qu’on leur connaissait et basculés sur le côté (la ligne d’horizon devenant verticale) transformait ses photographies en une abstraction un peu artificielle. Et aujourd’hui, elles ponctuent une installation bavarde dans laquelle elles finissent presque par disparaître.


Hiroshi SugimotoPhoto de l’exposition, André Morin


Ça commence de façon assez grandiloquente avec ce titre : « Aujourd’hui le monde est mort (Lost Human Genetic Archive) ». Puis l’exposition se poursuit à travers un labyrinthe de tôles alambiqué, presque compressé, donnant l’impression que l’espace d’exposition est trop réduit. Le propos : mettre en scènes différents scénarios de fin du monde. Chaque scénario est raconté, en une page, par un personnage fictif : un apiculteur, un spécialiste des religions, un historien de l’art, etc…

Beaucoup de lecture donc. Et il est illustré par un mélange de décors (fragments de ruines, plantes atrophiées), des mannequins/momies, une poupée de cire, des assemblages d’objets hétéroclites issus de la collection personnelle de Sugimoto et, quand même, quelques photos de l’artiste. Les métaphores sont d’autant plus convenues qu’on est dans une forme de science fiction gentille, bien pensante et inoffensive. Sugimoto a décidément bien plus à nous dire à travers ses photographies qu’en élaborant des discours prophétiques.


Hiroshi SugimotoPhoto de l’exposition, André Morin


En fait, c’est comme si le photographe avait forcé le trait pour être admis dans un contexte plus « art contemporain ». Il n’en résulte qu’une exposition au concept bricolé qui paraît bien terne à côté de l’exubérance de l’installation de Thomas Hirschorn, à quelques mètres de là. Il est vrai que celle-ci porte mieux son titre : Flamme Eternelle.

PALAIS DE TOKYO
13, avenue du Président Wilson,
75 116 Paris
HORAIRES
De midi à minuit tous les jours, sauf le mardi
Plein tarif : 10€
Tarif réduit : 8€