L’été est fini, plongeons dans cette rentrée photo.
Pour une rentrée photo tout en confort et en blockbusters, on repassera ! Des découvertes, des risques plus ou moins payants, des confirmations et une belle balade en perspective. Petit tour d’horizon parfaitement subjectif.
La Fondation Cartier-Bresson jouerait-elle la sécurité avec Jeff Wall, une star de la photo ? Oui et non, puisqu’il s’agit des petits formats du photographe. Pas l’expo la plus facile du moment, pour qui ne connaîtrait pas déjà l’oeuvre du canadien, mais de très énigmatiques contrepoints aux grands formats, moins composés. Pour ceux qui sont déjà un peu familiarisés avec les univers et les démarches de Jeff Wall.
Plus que d’autres milieux artistiques, la photo laisse place à des découvertes tardives. Depuis quelques temps, c’est l’oeuvre photographique de Frank Landron qui nous procure le frisson de ces corpus laissés dans l’ombre et qui dévoile soudain des milliers d’images. Véritable aubaine pour la commissaire d’exposition, l’ensemble est encore malléable et vierge d’interprétation. Pour vous y plonger, c’est à la Galerie Binôme et à la Maison de la photographie à Gentilly.
A la galerie Filles du Calvaire, il n’y a pas que de la photo. Et c’est parfois la meilleure façon de parler aussi de la photo ! Entre classification scientifique et rêveries minérales, les photométéores d’Edouard Wolton semblent traverser différentes époques de mémoires. Séduisant. A l’étage, dépouillement et beauté classique des tirages de Paola de Pietri.
Un photographe à suivre, Samuel Gratacap qui expose au Bal le résultat d’une large immersion dans le camp de réfugiés de Choucha en Tunisie. Des images subtiles, loin de tout pathos ou de tout effet d’expressivité. Mais un accrochage qui lorgne un peu trop du côté de l’art contemporain (pour mieux se démarquer du photojournalisme ?) et qui apparaît un peu alambiqué.
Un petit tour par la galerie Polka pour descendre au sous-sol et admirer, à l’écart des photos de nuit, les somptueux tirages couleurs de Toshio Shibata.
Avant de fêter les 25 ans de Tendance Floue à la Topographie de l’Art. Ici, pas de découvertes réelles, mais du consistant. Beaucoup de plaisir en revoyant la série de Bertrand Meunier, Je suis d’ici, qui dessine une France réaliste, loin des clichés et des images à sensation, les paysages silencieux de Gilles Coulon, les photos électriques de Philippe Loparelli et les arènes inquiétantes de Meyer.
Et puis, la cinquième édition de Photoquai vient de débuter et c’est un vrai régal. Aussi convaincante dans les démarches artistiques que dans les reportages documentaires, la biennale déroule une sociologie douce qui ne brade jamais le contenu. Des histoires de personnes et de photographies, des formats décoiffants : ça pétille tellement qu’il est difficile d’extraire un ou deux photographes.
Il y aura foule en bords de Seine ce week-end…
Voici le lien vers les expos dont je parle dans cet article :
– Jeff Wall à la fondation Cartier-Bresson (jusqu’au 20 décembre 2015)
– Frank Landron à la Galerie Binôme (jusqu’à demain) et à la Maison de la Photographie de Gentilly (jusqu’au 4 Octobre)
– Édouard Wolton aux Filles du Calvaire (jusqu’au 24 octobre 2015)
– Samuel Gratacap au BAL (jusqu’au 4 Octobre)
– Toshio Shibata à la Polka Galerie (jusqu’au 31 octobre 2015)
– Tendance Floue à la Topographie de l’Art (jusqu’au 17 Octobre 2015)
– Photoquai (jusqu’au 22 novembre)