Le 12 mars 2015, l’exposition Surveillance.02 ouvrira ses portes à la galerie East Wing à Dubai. Alors, à défaut de pouvoir s’y rendre, OAI13 a interrogé une des commissaires de l’exposition, Anna Van Lenten.
► ► ► Cet article fait partie du dossier La surveillance, une autre réalité
OAI13 : Comment est née cette exposition ? Pourquoi vouloir parler de la surveillance ?
Anna Van Lenten : Surveillance.02 est une exposition interdisciplinaire d’artistes qui utilise les caméras de surveillance, les satellites et les drones pour questionner la surveillance étatique et commerciale que nous subissons. J’ai eu l’idée de cette exposition il y a un an et demi après avoir lu un article dans le Wall Street Journal sur les photographes qui travaillaient sur l’espionnage et le voyeurisme. J’ai senti qu’il fallait rassembler les meilleurs travaux sur la surveillance et proposer une réflexion globale à partir de médiums divers. J’étais commissaire de The Half King Photography et je savais que je ne pouvais pas faire cette exposition dans ce cadre. J’ai donc contacté Liza Faktor, co-fondatrice de Screen, dont j’aimais la vision. Nous avons montée notre première exposition Surveillance.01 au NY Media Center à New York, aux Etats-Unis.
Surveillance.02 est née grâce à Elie Domit, directrice de la galerie East Wing qui a eu vent de notre première exposition et qui nous a proposé de continuer le débat à Dubai dans sa galerie.
Nous avons voulu travailler sur la surveillance, Liza et moi, parce que c’est un sujet difficile à appréhender car virtuel et brouillé par un vocabulaire complexe. D’un côté il y a un questionnement moral, et de l’autre ce thème concentre un flux de crises et d’angoisses sociales, politiques et environnementales. Nous voulons surtout comprendre la surveillance pour nous même, ouvrir le débat avec le public et être à même de comprendre les politiques qui se mettent en place à ce sujet.
Était-ce facile de trouver des artistes sur ce sujet ?
Oui et non. Oui parce que nous connaissions déjà beaucoup de travaux sur la question, donc quand l’occasion est venue de les présenter nous savions qui contacter. Mais au delà de ça, étant donné que nous regardons beaucoup de photographies, nos critères de sélection esthétique étaient très élevés. Ceci dit, nous avons aussi écarté des beaux travaux vides de sens ou qui n’étaient pas assez rigoureux par rapport au discours tenu sur la surveillance. Nous aimons aussi les artistes qui ont une conscience de l’histoire aigüe et pas seulement de l’histoire politique et sociale, mais aussi photographique. Enfin, alors que le sujet de la surveillance peut paraître intellectuel et froid, il nous a paru important de se concentrer sur l’humain au milieu de tout ça.
Quelles sont les différentes problématiques que vous avez voulu abordé à travers cette exposition ?
Au centre des tensions et des angoisses qu’expriment ces artistes, il y a les notions de vie privée, de liberté et de sécurité. Nous avons voulu créer un débat autour de trois phénomènes :
– les révélations successives de surveillance étatique
– l’augmentation de la prise de conscience du public sur l’enregistrement de donnée personnelle à des fins commerciales
– l’évolution des pratiques de surveillance vers la divulgation de système de production et l’étude de la géographie sociale.
Notre but est d’identifier les fonctionnements de la surveillance gouvernementale et commerciale en regardant le meilleur de l’art photographique, vidéo et numérique. On veut rendre visible tout ce qui est opaque, éclairer ce qui semble sombre. Il faut qu’on réussisse à comprendre ce qui se joue en matière de surveillance.
Découvrez l’ensemble des artistes exposés à East Wing sur le site de la galerie : east-wing.org