Le parcours d’Eric Rondepierre est riche et navigue entre pratique et théorie des Arts. Comédien, photographe, peintre, diplômé des Beaux Arts et docteur en esthétique il n’a eu de cesse, autant par son parcours universitaire que par sa pratique artistique, de penser les rapports entre l’image et la fiction, entre l’image et le texte. Depuis les années 90, il met à contribution ses qualités de plasticien et de théoricien pour explorer ce qu’il nomme les « angles morts » du médium cinématographique par la photographie. Son livre Images Secondes revient sur ses séries photographiques aussi ludiques que conceptuelles.
| Toutes les images parEric Rondepierre.
L’auteur
Eric Rondepierre est né à Orléans en 1950. Il a étudié le dessin et la gravure aux Beaux-Arts de Paris et est agrégé en Arts-Plastiques. Après une maîtrise d’Arts Platiques sur le théâtre et un DEA en littérature portant sur « L’image écrite », il a réalisé un doctorat en Esthétique.
Depuis 25 ans, chacune de ses séries photographiques est un concept qui met à jour, avec humour et créativité, les « non-vues » du cinéma. Son travail et sa réflexion naviguent entre « reprise d’image », montage d’archives, et photographie pour ne cesser de réécrire le cinéma et les potentialités narratives de l’image.
En superposant texte et photographie, Eric Rondepierre explore, par différents dispositifs techniques, la lecture de l’image. Il sélectionne et extrait des photogrammes, ces photographies invisibles à l’œil nu lorsqu’elles sont prises dans le flux des 24 images/seconde de la pellicule cinématographique, et les retravaille comme des photographies à part entière.
Il repère les « à-côtés », les hasards de la pellicule, qui sont autant d’histoires en soi. L’artiste explore différentes archives et met à jour les images corrompues par le temps, les aspérités de la pellicule, les traces de textes qui racontent une nouvelle histoire, qui ouvrent de nouveaux champs narratifs et esthétiques.
Par exemple, sa première série Excédents relève les photogrammes noirs porteurs de sous-titres. Imperceptibles lors de la projection cinématographique classique, ces images sont pourtant porteuses d’une relecture imagée de l’écran noir.
Au fil du temps, Eric Rondepierre intervient directement sur l’image. Ainsi, pour Diptyka et Suites, il découpe la pellicule cinématographique pour monter deux images entre elles et faire naviguer le regard.
Plus tard, le photographe crée lui-même ses images, travaillant toujours la pellicule et le mot, comme dans Loupe/ Dormeur. Par la composition, il superpose plusieurs niveaux photographiques à ses textes de fiction pour démultiplier la lecture de l’image. Ses dernières séries mêlent ses propres photographies à des éléments de films pour créer un nouvel espace.
Le livre
Images secondes offre lecture exhaustive du travail d’Eric Rondepierre. Les premières pages de l’ouvrage présentent les photographies de l’artiste sans logique apparente pour mieux nous immerger dans son univers ludique.
Dans un second temps, des essais de Catherine Millet et de Jacques Rancière nous offrent une lecture éclairante et savante de l’œuvre de Rondepierre et de sa complexité conceptuelle. Le livre nous présente alors les séries du photographe-archéologue de manière chronologique pour mieux en saisir l’évolution.
En savoir plus :
Images Secondes, Eric Rondepierre
Editions Loco
55 euros
Se procurer le livre sur internet
