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Une cinquantaine d’années après la mort du célèbre architecte d’intérieur Le Corbusier, les soeurs Augustine et Joséphine Rockebrune ont voulu lui rendre hommage d’une manière bien peu commune. Le mystérieux duo a réuni en un livre 192 captures d’écran de films porno sur lesquelles figure la célèbre chaise longue LC4 conçue par son assistante Charlotte Perriand. « We Don’t Embroider Cushions Here » est un livre piquant conçu par des femmes qui n’ont pas froid aux yeux.

| Toutes les pages du livre, « We Don’t Embroider Cushions Here » © Augustine et Joséphine Rockebrune / Édition Monumental


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En signant le livre « We Don’t Embroider Cushions Here » de noms qui ressemblent plus à des pseudonymes qu’à des originaux, les soeurs Augustine et Joséphine Rockebrune cultivent le mystère et font fleurir l’ironie là où, au premier feuilletage, on ne voit souvent qu’une succession d’images porno sur lesquelles des femmes s’affairent à satisfaire le plaisir de ces messieurs. Le point commun qu’ont ces femmes, Summer Verona, Lexi Bloom, Sativa Rose, Lynn Stone et bien d’autres encore – seules créditées sous chaque image -, est d’avoir toutes eu des rapports sexuels face à la caméra sur la chaise longue LC4, justement conçue par une femme, Charlotte Perriand, dans l’ombre de son mentor d’alors, Le Corbusier. L’occasion était trop belle pour le duo d’établir, avec, comme support, la fameuse chaise longue, le parallèle périlleux entre ces actrices porno et Charlotte. Diplômée des Arts Décoratifs, Charlotte Perriand fut pendant dix ans l’assistante de Le Corbusier. En 1928, elle conçoit la fameuse chaise – appelée lors de sa présentation au Salon d’automne en 1929 la « B306 » – qui fut signée « Le Corbusier, Pierre Jeanneret, Charlotte Perriand », alors que Charlotte en est sans doute la seule conceptrice.

Livre acerbe et féministe, ou démonstration de la pauvreté du porno mainstream californien. « We Don’t Embroider Cushions Here », c’est tout ça à la fois, réalisé avec un mélange de sérieux, de mystère et d’ironie, qu’Augustine et Joséphine Rockebrune égrènent jusque dans leurs interviews, puisqu’elles ne touchent ici pratiquement mot de Charlotte, alors que sa présence y est évidente. Comme dans l’oeuvre de Le Corbusier en somme.



Comment et pourquoi la chaise longue de Charlotte Perriand est-elle devenue si populaire dans l’industrie du porno ?

C’est en partie bien sûr grâce à l’équilibre parfait entre sa pureté géométrique et son ergonomie, sa fonctionnalité et son confort incomparables.



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Mais c’est aussi à cause du manque d’intérêt de la part de cette industrie en Californie pour le changement de location lors des tournages. Dans les plus de huit cents scènes que nous avons recueillies, la même maison fut utilisée pour la moitié. Ils se contentent juste de déplacer la chaise longue d’une pièce à l’autre. Ainsi, même si nous avons recueilli autant de scènes incluant la LC4, la chaise longue n’est pas aussi répandue dans l’industrie que tu pourrais le penser. Mais tous ces « rôles » qu’elle joue en a fait une star du cinéma adulte à part entière.



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Comment avez-vous fait cette découverte ?

Nous avons fait cette découverte en 2011, en faisant une recherche en ligne sur Tom Wolfe, l’auteur, mais nous n’avions pas activé le filtre « SafeSearch » sur Google Images. Une image de ce qui semblait être deux hommes ayant des rapports sexuels sur la LC4 est apparue. L’un d’entre eux était apparemment aussi Tom Wolfe, mais pas l’auteur : le Tom Wolfe que nous regardions était une star de cinéma adulte gay, avec le même nom. Nous avons alors commencé à chercher d’autres scènes où la chaise longue avait le rôle de premier plan – ou appuyait l’action en arrière-plan.



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Pourquoi avez-vous décidé d’archiver ces images ?

C’était la seule chose naturelle à faire, si l’on pense à la description faite par Beatriz Colomina dans Privacy and Publicity sur la tendance qu’avait Le Corbusier de collectionner et d’archiver obsessionellement toutes ses affaires. Il ne jetait jamais rien du tout et était, comme nous venons de le souligner, un collectionneur très obsessionnel. Il aurait donc voulu cela dans sa collection. Il ne fait aucun doute que, s’il était encore vivant, il aurait fait la même chose que ce que nous avons fait.



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Comment avez-vous choisi ce titre, « On ne brode pas de coussins ici » ?

Le titre est une référence aux mots célèbres que Le Corbusier adressa à Charlotte Perriand la première fois qu’ils se sont rencontrés. Il avait alors refusé sa demande d’emploi dans son studio avec cette remarque. Cette remarque désobligeante semblait naturelle à utiliser comme titre ici, compte tenu du sujet.



Comment le fabricant de meubles Cassina S.p.A., qui produit le fauteuil depuis 1964, a-t-il réagi à votre livre ?

Nous n’avons pas entendu parler d’eux. Pour le moment. Mais nous avons eu des réactions étonnantes de la part de chercheurs qui s’intéressent à Le Corbusier et à Charlotte Perriand, de grandes personnes comme Beatriz Colomina, Mary McLeod et Nicholas Fox Weber, ainsi que de l’éditrice de la collection sexy de Dian Hanson. Une des meilleures que nous avons eu fut un simple : « I love it ! ».



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PIN-UP magazine écrit que « Augustine et Josephine Rockebrune » serait des pseudonymes liés à Le Corbusier. Utilisez-vous les noms Augustine et Joséphine Rockebrune uniquement pour la publication de ce livre ?

Il y aura plus de projets menés par Augustine et Joséphine Rockebrune à l’avenir. Quant aux noms… nous laisserons Albert Einstein répondre à cette question : « La chose la plus belle que nous pouvons éprouver est le mystère. Il est la source de tout art et science véritables. ».



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Vous le voulez ? « We Don’t Embroider Cushions Here » de Augustine et Josephine Rockebrune est publié aux Éditions Monumental (octobre 2015). Vous pouvez vous le procurer ICI pour 39€ (Manutention, emballage et affranchissement non compris).

Plus d’images du livre sont également visibles sur le compte Instagram de l’Édition Monumental.