Bonjour, voici la #Sélectiondujeudi 65, votre indispensable dose de photojournalisme hebdomadaire.
Cette semaine, nous nous invitons pour la première fois chez OAI13 et nous vous avons donc concocté une bien belle sélection pour l’occasion. Elle commence en douceur et se termine également en douceur, avec une très belle image et un très beau texte. Entre, c’est la vie. Dure, drôle, simplement la vie.
Rappelez-vous (ou apprenez) que la #Sélectiondujeudi vous aime.
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Jean-Matthieu Gautier
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Lea Mandana / Hans Lucas
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Au sud-ouest de Beyrouth, une voiture s’enfonce dans le brouillard inquiétant des montagnes du Chouf.
Août 2016, Liban.
Olivier Donnars / CIRIC
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Premier décembre, journée internationale de lutte contre le VIH/sida. À 67 ans, Alain est un rescapé. Contaminé par le VIH en 1991, il a survécu à l’hécatombe des années sida. L’arrivée des antirétroviraux au milieu des années 1990 l’a sauvé comme des milliers d’autres personnes séropositives en France. Pour la grande majorité d’entre elles, la maladie est devenue chronique, presque banale, et la vie a repris son cours quasi normal.
Mais Alain n’a pas eu cette chance. Parce qu’il était à un stade plus avancé de la maladie, il ne s’est relevé ni physiquement, ni socialement. Comme un millier de personnes séropositives, rien qu’en Ile-de-France, Alain fait partie de ces malades invisibles, parfois oubliés des associations de lutte contre le sida, parties sur d’autres combats. Vivant dans une grande solitude, sans amis. Beaucoup sont décédés, d’autres ont choisi de s’éloigner, de couper les liens avec leur entourage car cela les renvoie à leur échec. Leur vie s’est arrêtée, vide de sens.
Cyril Marcilhacy / Agence Cosmos
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La Seyne-sur-Mer, le 12 Octobre 2016.
Aux urgences, les médecins, infirmiers, aide-soignants se réunissent pour le rituel immuable des transmissions. Au moment des changements d’équipe, le cas de chaque patient est évoqué : sa pathologie, les examens complémentaires à réaliser, les suites à envisager.
Patrice Terraz / Signatures
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Dans le cadre du projet « La France vue d’Ici », Patrice Terraz est monté à bord du Jean Nicoli, un cargo mixte affrété par la nouvelle compagnie maritime Corsica Linea.
De Marseille à Porto Vecchio, il a photographié le travail de la soixantaine de marins qui font la liaison avec la Corse trois fois par semaine et des « dockers de l’extrême », qui exercent de génération en génération dans le port le plus au sud de la métropole.
Jean André, Thomas et Marc enlèvent les sangles qui tenaient les remorques dans le cargo.
Porto-Vecchio, Corse, Juin 2016
Corentin Fohlen / Divergence
Paris, France. 08 novembre 2016. L’un des candidats à la primaire des Républicains, Nicolas Sarkozy, est l’invité de la matinale de Public Sénat. Durant la pause publicitaire, l’ancien président – en maille avec la justice dans de nombreuses affaires judiciaires – se fait remaquiller tandis que son attachée de presse tente d’interdire aux deux photographes présents de photographier cet instant. Par esprit de contradiction, je déclenche et garde cette photo. (Ne jamais dire à un photographe ce qu’il doit ou non photographier, cela attise chez lui son esprit frondeur !). Pour moi il ne s’agit pas de ridiculiser le président, mais plutôt de montrer la cour des journalistes, patrons de presse, attaché de communication, maquilleuse… comme lorsqu’autrefois le roi s’apprêtait dans son palais à la vue et au su de la cour. Ici aussi, tout n’est qu’apparence, faux-semblant, mise en scène, « lèche-majesté »…
À la fin de l’émission tout le monde se retrouve autour de Nicolas Sarkozy au bar du Sénat. L’encore candidat est placé au centre, tout le monde l’écoute d’une oreille attentive, le petit jeu hypocrite du « OFF » est en place, chacun y va de son petit commentaire ou de sa question sur la campagne; plus pour se faire mousser auprès du monarque, se sentir exister auprès du « puissant » , que pour tenter une vraie discussion.
Jean Larive / M.Y.O.P
Engagé dans un projet d’agence au long court sur les arcanes de la politique française, j’ai découvert, à la faveur de l’entre-deux tours de la primaire de la droite et du centre, un dispositif médiatique et communicationnel imposant. Et dans les travées du meeting de François Fillon, le 25 novembre, Porte de Versailles, de repenser à la Société du spectacle de Guy Debord… qu’est-ce qui se montre, qu’est-ce qui se cache, qu’est-ce qu’on nous cache ?
Neal Badache / Agence Cosmos
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Talleen Abu Hanna a 21 ans, elle est arabe chrétienne israélienne et est originaire de Nazareth. Le 27 mais 2016, elle remporte le premier concours Miss Trans Israel. En Septembre dernier, elle arrive première dauphine du concours Miss Trans Star International. Sur cette photo, Talleen est chez elle à Tel-aviv où elle vit aujourd’hui. Elle s’apprête et se maquille avant de sortir avec ses amies.
Anthony Micallef / Haytham Pictures
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Le besoin de couper de Paris, l’envie de calme et de solitude. Les conseils des amis qui partagent, les yeux brillants, leur coffre secret à coins apaisants : tel coin du Massif Central, Essaouira au Maroc, Belle-Île-en-mer, les Ardennes belges, le nord de l’Andalousie… Je creuse, presque une trentaine d’onglets ouverts. Et d’un coup, sur airbnb, ce souterrain payant vers les chambres à coucher de la planète, une annonce apparaît : « Loue maisonnette de pêcheur à Belle-Île, petite voiture comprise pour circuler sur l’ile ». Ce sera elle.
Mais Belle-Île se mérite : d’abord le train de Montparnasse à 6h59 pour Auray. Puis un car, qui vient mourir sur le parking de la gare, puis qui traverse Carnac pour arriver jusqu’à Quiberon, au bout des terres. Et là, au bout du quai, immense, majestueux et empestant le gazole : le ferry. On attend le départ en marchant sur la plage toute proche. On s’impatiente, on ne veut plus être à terre. Sur le bateau, enfin, ça embarque. Ça tangue, mais on est enfin libéré. On serait presque heureux de vomir. À bord, on reconnaît immédiatement les insulaires qui regagnent leur forteresse. Eux nous regardent d’un air étonné : le touriste de mi-novembre, l’unique. On m’explique que l’île est noire de monde l’été. Moi qui ne la connais pas, je vais la découvrir nue.
Sur place, tout est fermé. Il ne reste que ce pour quoi je suis venu : marcher et lire. Deux activités qui imposent leur tempo, qu’on ne peut pas accélérer, et demandent du dévouement. On ne s’échappe pas en un clic, on doit aller au bout, continuer, c’est un chemin d’efforts, de discipline, de durée.
Un chemin contemplatif aussi. Pendant six jours, je suis les sentiers côtiers. Les pins touchés par la foudre. Les fougères rouges qui, comme des lemmings, dévalent les falaises pour se jeter dans la mer. Le vent douloureux aux tympans. Les averses régulières, comme une respiration de l’île.
Un jour enfin, cette femme en K-way rouge apparaît au loin derrière moi. Elle marche un peu plus vite. Elle me dépasse lentement. Elle apparaît dans le cadre. Pendant que je la photographie, elle s’éloigne. Plusieurs fois, je cours pour la rattraper, la réinscrire dans le cadre. La lande, puis les roches et l’océan. Le paysage change, elle est comme une passante à l’intérieur. C’est une vie en résumé. Au bout d’un moment, elle s’aperçoit de mes brèves courses pour la rattraper, et des photographies qui les rythment. Je pense que cela l’effraie, car elle attend le tournant suivant de la falaise pour disparaître.
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En savoir plus sur Epic Stories : À mi chemin entre magazine et livret d’art, la revue EPIC-stories redonne la parole aux jeunes photojournalistes. Tous les trois mois, quatre photographes nous confient une histoire racontée en images. Ils nous expliquent comment ils ont conçu cette histoire et pourquoi. C’est leur regard sur le monde qui s’exprime.