[box]Cet article fait partie du dossier de la semaine du 30.06.14 : Se marier au XXIe siècle[/box]
En septembre dernier, OAI13 découvrait la notion de « photojournalisme de mariage » : une écriture photographique documentaire à travers des commandes de mariage. On rencontrait notamment Christophe Viseux, photographe et photojournaliste de mariage. Il souhaitait envisager un travail documentaire large sur le mariage dans le monde. Depuis, il a décidé de se spécialiser sur l’Afrique subsaharienne, zone géographique en proie à de profonds bouleversements. Christophe a pour ambition d’étudier l’évolution de la société africaine à partir de cet évènement social spécifique qu’est le mariage.
OAI13 : Tu nous confiais l’année dernière vouloir te servir de tes commandes de mariage pour commencer un travail documentaire dans ce domaine. Un an plus tard, où en es-tu de ce projet ?
Christophe Viseux : Je l’ai entamé mais je n’avance pas aussi vite que je le voudrais. J’ai décidé de me concentrer sur le mariage en Afrique, particulièrement subsaharienne. Je ne sais pas encore si je vais également travailler sur le Maghreb. La difficulté que l’on rencontre quand on travaille sur le mariage, c’est que l’on devient vite dépendant des commandes que l’on décroche. Je ne peux pas partir 15 jours pour faire des images comme ça. Je suis obligé d’avoir un client. Il faut donc que je trouve des évènements et c’est difficile sur des zones spécifiques. En ce moment, je commence à me dire que je devrais aller assister des photographes locaux sur des mariages pour pouvoir me consacrer pleinement à mes images documentaires.
Pourquoi avoir décidé de te concentrer sur l’Afrique ?
C’est une zone géographique en pleine transformation. L’évolution économique y est assez fulgurante en ce moment. Observer ces changements à travers le mariage est un point de vue intéressant. Ça me permet de documenter une transformation sociale dans un évènement très spécifique et universel. En Afrique, on observe depuis plusieurs années l’émergence d’une classe moyenne importante. Ce phénomène s’observe particulièrement bien dans les mariages. Mes clients ont un pouvoir d’achat en hausse et cela se voit dans leur mariage.
Quelles zones as-tu déjà appréhendées ?
J’ai déjà travaillé en Afrique de l’Est, en Éthiopie, en Tanzanie, au Kenya, au Somaliland. Là j’ai des contacts en Afrique du Sud et je commence aussi à avoir des touches en Afrique de l’Ouest.
Photographies-tu un mariage africain comme tu photographies un mariage européen ?
Oui, tout à fait. Je ne fais aucune différence. Le travail de reportage est exactement le même. Bien sûr, les lieux et les gens sont différents mais moi, je garde la même approche.
Comment t’adaptes-tu aux différentes cultures auxquelles tu te confrontes ?
Le plus souvent, ce sont les mariés qui me parlent de leur culture et leurs traditions. Je demande s’il y a des impératifs, des choses à faire et à ne pas faire. Après, je discute aussi beaucoup avec les gens sur place. Et puis comme je suis souvent le seul Européen et donc une curiosité pour les autres, c’est assez facile de parler avec les invités du mariage. Il faut aussi faire des recherches avant de partir, sur Internet et sur place.
Qu’as-tu appris sur le mariage depuis que tu le photographies ?
Aujourd’hui, le mariage est un microcosme social. Sur une journée, il est un condensé de la société. Il touche à la culture, aux traditions, à la religion, la nourriture, la danse, les habits locaux. On a souvent l’impression avec la mondialisation que tout se normalise, mais dans les mariages, les gens ralentissent la cadence et prennent le temps de se placer dans leur culture.
Il y a plein de coutumes et de traditions qui ressortent. C’est assez intéressant de voir ce mélange temporel entre des traditions ancestrales et des touches modernes. Le mariage permet de mettre les deux en relations. J’ai fait un mariage en Éthiopie début mai : c’était un mariage traditionnel dans le sens où la culture éthiopienne était très présente, mais les mariés ont vraiment cherché à casser les codes en amenant des choses contemporaines : des habits traditionnels repris par des designers, de la déco moderne, la cuisine faite par un chef qui revisite les plats traditionnels.
En ce moment, tu travailles essentiellement sur des mariages où tu es en commande pour les mariés. Comment est-ce que tu isoles de ces images celles qui vont constituer ton travail documentaire ?
Pour le moment je travaille sur des edits assez large parce que je ne veux pas me mettre de barrière. Dans une commande de mariage je livre environ 300 images au client. Sur ces 300 images, j’en garde entre une et cinq pour mon travail personnel. J’aimerais aller assister d’autres photographes de mariage locaux afin de me libérer de cette contrainte de la commande. Finalement, je garde les images qui sortent du contexte du mariage, là où le mariage n’est plus l’élément central de l’image mais un prétexte pour mettre en exergue autre chose.
Selon toi, qu’est-ce que ça représente le mariage au XXIe siècle ?
Je ne sais pas s’il y a une réponse unique. Ça dépend énormément des cultures. Dans la culture occidentale, le mariage c’est l’engagement de deux personnes, alors que dans la culture africaine ou indienne, c’est aussi le mariage de deux familles.
Aujourd’hui, le mariage me permet de décrire l’évolution de la société. Cet évènement reste quelque chose de très classique et d’intemporel. Je n’ai pas eu de demande pour des mariages homosexuels depuis la récente loi en France. En revanche, j’ai commencé à photographier mes premiers mariages mixtes en Afrique du Nord. De même, mon premier mariage éthiopien, je l’ai fait il y a 2 ans. Mais celui que j’ai photographié en mai dernier n’avait absolument rien à voir avec mon premier.
Finalement, au delà de l’évolution des lois et de la mixité culturelle et sociale croissante, je crois que le mariage est le reflet de la vitesse à laquelle la société évolue vraiment. Photographier ces changements me permettent de les étudier.
[box]► Voir aussi notre article : Le photojournalisme de mariage[/box]
[box]Cet article fait partie du dossier de la semaine du 30.06.14 : Se marier au XXIe siècle[/box]
[…] En septembre dernier, OAI13 découvrait la notion de « photojournalisme de mariage » : une écriture photographique documentaire à travers des commandes de mariage. On rencontrait notammentChristophe Viseux, photographe et photojournaliste de mariage. Il souhaitait envisager un travail documentaire large sur le mariage dans le monde. […]
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[…] [box]Cet article fait partie du dossier de la semaine du 30.06.14 : Se marier au XXIe siècle[/box] En septembre dernier, OAI13 découvrait la notion de « photojournalisme de mariage » : une écriture photographique documentaire à travers des commandes de mariage. On rencontrait notamment Christophe Viseux, photographe et photojournaliste de mariage. Il souhaitait envisager un travail documentaire large sur le mariage dans le monde. Depuis, il a décidé de se spécialiser sur l’Afrique subsaharienne, zone géographique en proie à de profonds bouleversements. Christophe a pour ambition d’étudier l’évolution de la société africaine à partir de cet évènement social spécifique qu’est le mariage. © Christophe Viseux OAI13 : Tu nous confiais l’année dernière vouloir te servir de tes commandes de mariage pour commencer un travail documentaire dans ce domaine. Un an plus tard, où en es-tu de ce projet ? Christophe Viseux : Je l’ai entamé mais je n’avance pas aussi vite que je le voudrais. J’ai décidé de me concentrer sur le mariage en Afrique, particulièrement subsaharienne. Je ne sais pas encore si je vais également travailler sur le Maghreb. La difficulté que l’on rencontre quand on travaille sur le mariage, c’est que l’on devient vite dépendant des commandes que l’on décroche. Je ne peux pas partir 15 jours pour faire des images comme ça. Je suis obligé d’avoir un client. Il faut donc que je trouve des évènements et c’est difficile sur des zones spécifiques. En ce moment, je commence à me dire que je devrais aller assister des photographes locaux sur des mariages pour pouvoir me consacrer pleinement à mes images documentaires. © Christophe Viseux Pourquoi avoir décidé de te concentrer sur l’Afrique ? C’est une zone géographique en pleine transformation. L’évolution économique y est assez fulgurante en ce moment. Observer ces changements à travers le mariage est un point […]
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