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Photojournalisme : Dysturb, après le succès médiatique

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Dysturb, tout le monde (oui le monde entier) en a entendu parler cette année. Ces photojournalistes qui collent leurs images dans la rue ont autant intéressé les passants que les professionnels et les médias. Après des centaines d’articles, des passages télés, des conférences et de nombreux happenings, l’heure est à la pérennisation. Que devient Dysturb après son succès médiatique ? Rencontre avec les co-fondateurs du mouvement, Benjamin Girette et Pierre Terdjman.

Mais d’abord, faisons un point sur Dysturb en vidéo.





OAI13 : Après cette année de succès médiatique, quel est désormais l’objectif de Dysturb ?
Benjamin Girette : Notre objectif n’a pas changé. On veut diffuser nos histoires à travers le monde. Depuis le début de notre aventure, on essaye de remonter à l’essence de notre métier qui est de donner à voir.
Pierre Terdjman : On veut toujours continuer à faire de l’affichage sauvage dans les rues du plus grand nombre de villes possible. Mais maintenant, on veut aussi entrer dans les écoles et les universités. On a déjà fait quelques opérations dans des écoles à Bayeux, Perpignan, Lyon, et on a été bien accueilli. Les élèves ont aimé les programmes pédagogiques qu’on a développés. On discute en ce moment avec l’éducation nationale et le Clemi afin de développer des actions éducatives.

Si je comprends bien, vous faites désormais plus que juste montrer des photos. Vous souhaitez aussi former le regard.
P-T : On n’a pas la prétention de dire qu’on forme les gens. On pense simplement que leur imposer des photos dans la rue peut les éduquer à regarder autour d’eux. Après, en ce qui concerne les enfants, notre démarche est différente. On souhaite rapprocher les élèves du journalisme. Quand tu vois aujourd’hui qu’un ado de quinze ans ne croit pas ce qu’il lit dans les journaux, c’est terrifiant. Les jeunes remettent beaucoup en question ce qu’ils voient dans la presse. Une éducation et une sensibilisation sont donc nécessaires. C’est important de savoir lire l’information. L’action de Dysturb c’est d’informer. On n’est pas militant pour une cause ou une autre. On fait juste de l’information.



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Bayeux, France. 9 octobre 2014. © Capucine Bailly


Tu dis que vous n’êtes pas militants, mais l’acte d’affichage sauvage est pourtant perçu comme militant.
P-T : Oui, parce qu’on s’approprie un espace urbain qui ne nous appartient pas. Si militantisme il y a, c’est pour que le photojournalisme soit accessible au plus grand nombre.
B-G : Dans la rue, on est perpétuellement soumis à des visuels qui nous vendent des crèmes, du pain, des voyages ou autres. C’est très bien…mais on ne voit que ça. Moi, j’ai jamais demandé à subir tous ces visuels au quotidien sur le chemin de chez moi au travail. Alors, dans tous ces espaces, pourquoi est-ce qu’on en garderait pas une partie pour des choses réfléchies qui nous ouvrent des perspectives ?

Surtout dans un contexte compliqué pour la presse…
B-G : Certes, le secteur est victime de nombreuses complications surtout en matière de diffusion. Mais ce n’est pas le rôle de Dysturb de les pointer du doigt. Si on avait les solutions, on l’aurait fait savoir. Nous, on a juste une nouvelle idée qui est d’envahir la rue. Notre seul constat, c’est qu’à l’heure d’internet et des réseaux sociaux, on devrait être au plus près de l’information. Mais ce n’est pas le cas. On peine à être au contact de l’actualité, on peine à avoir accès à des histoires du bout du monde. Dysturb est juste une piste. On peut le faire, c’est facile, ça coûte pas cher.

Justement, d’un point de vue économique, comment se profile l’avenir de Dysturb ?
B-G : Jusqu’à présent, Dysturb est autofinancé. On a maintenant l’objectif de trouver des fondations et des mécènes pour continuer l’aventure et gagner en visibilité. On a besoin de prendre plus d’ampleur. Aidez-nous !



Thèmes : Dysturb, Photojournalisme


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