Du 31 août au 9 septembre, (presque) tous les yeux sont tournés vers Perpignan : la 25e édition du festival Visa pour l’Image s’y déroule. L’occasion, comme chaque année, d’y faire un bilan entre professionnels. Depuis plusieurs années, la profession souffre à cause de la crise de la presse, et même de la crise tout court. Baisse des commandes, précarité des photojournalistes, crises des agences et des publications, le moral n’y est pas, et l’argent non plus. Cette année, Our Age Is Thirteen souhaite ouvrir les perspectives en posant une question aux acteurs de la profession : « Qu’imaginez-vous pour l’avenir du photojournalisme ? »
Aujourd’hui, du côté des iconographes, découvrez les réponses d’Emmanuel Zbinden et Raphaëlle Brui-Boccaccio, iconographes indépendants membres de l’ANI.
© Thomas Cristofoletti, coup de cœur de l’ANI 2013
Raphaëlle Brui-Boccaccio, iconographe indépendante
Age13 : Dans le cadre des lectures de portfolios de l’ANI à Visa pour l’Image, sens-tu une évolution dans les propositions des photojournalistes au fil des années ?
R-B : Dans la photographie, on fonctionne à partir d’envies et de souvenirs et de références. Donc malheureusement, aujourd’hui, on ne découvre pas grand-chose de nouveau en termes de sujets. Néanmoins, les propositions des jeunes photographes restent pertinentes. Ils ont une nouvelle approche de l’image, un nouveau ressenti et expérimentent des nouveaux types de diffusion.
Je suis par exemple très sensible au noir et blanc et aujourd’hui, plus que jamais, je trouve des sujets qui me surprennent : des photographies argentiques, numérisées de telle façon qu’un grain nouveau apporte quelque chose d’actuel. Les photos noir et blanc vont perdurer.
Age13 : Qu’imagines-tu pour l’avenir du photojournalisme ?
R-B : Je ne crois pas à la mort du photojournalisme. Quel est son avenir ?… Est-ce qu’il a un présent ? On peut certes continuer de regretter cet âge d’or mythique des années 1970-80. Mais l’âge d’or, c’est maintenant ! La photographie est un medium de recherche et de remise en question, et tant que ce sera le cas… La fin sera loin.
© Thomas Cristofoletti, coup de cœur de l’ANI
Emmanuel Zbinden, iconographe indépendant
Age13 : Dans le cadre des lectures de portfolios de l’ANI à Visa pour l’Image, sens-tu une évolution dans les propositions des photojournalistes au fil des années ?
E-Z : Pour être honnête, je n’ai pas vu énormément d’évolution sur les 10 dernières années. Ça fait maintenant 7 ans que je viens faire les lectures de portfolios à Visa pour l’Image et je vois beaucoup de sujets sur Alzheimer, les travestis et les mini-miss. Mais les jeunes photographes sont toujours surprenants. Ils ont beaucoup d’imagination et trouvent des axes complètement inattendus sur des sujets déjà vus.
Age13 : Qu’imagines-tu pour l’avenir du photojournalisme ?
E-Z : J’aimerais qu’il y ait un peu plus d’intelligence de la part des titres de presse et que les décisions ne soient pas prises par les cordons de la bourse. Quand se présentent de jeunes photographes avec des sujets vraiment intéressants, j’aimerais que ces titres saisissent l’occasion de déjouer les clichés en leur donnant une chance, plutôt que de reproduire éternellement les mêmes informations. Pour parler de tel évènement, les titres de presse ont tendance à imposer un type d’image avant même de regarder ce qui a été produit sur le sujet en question. La presse doit apporter de l’information plutôt que de ressasser les mêmes choses sous le même angle. Ce constat m’a, moi, mené à ne plus travailler comme iconographe dans les services de presse. J’aimerais qu’on innove, qu’on fasse preuve d’intelligence plutôt que de se cantonner à ce que l’on a déjà vu parce que c’est rassurant.
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