MàJ le 04.03.2015 à 22h44 : Le World Press retire finalement son prix à Giovanni Troilo
Le @WorldPressPhoto retire finalement son prix à Giovanni Troilo.
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— Our age is thirteen (@OurAgeIs13) 4 Mars 2015
Depuis maintenant une semaine, la polémique autour du premier prix « Contemporary Issues » du World Press ne fait que grandir. Le photographe récompensé, Giovanni Troilo, s’est vu accusé de mise en scène et de désinformation par de nombreux photojournalistes belges, soutenus par le maire de Charleroi. Suite à ces accusations, des preuves de mises en scène ont été amenées par les modèles du photographes et même par le photographe lui-même. Mais le World Press a tout de même décidé de conserver ce prix.
Cette décision a soulevé de nombreuses réactions dans la profession. En voici quelques unes.
► ► ► A lire aussi : Le World Press confirme le prix d’un sujet mis en scène
La réaction de Jim Colton, ancien président du jury du World Press
Jim Colton, photo editor de plusieurs titres et président du jury du World Press en 2005, s’est exprimé sur son site internet dans une lettre ouverte. Selon lui, alors que les controverses annuelles autour du prix sont saines, celle de cette année – accentuée par une grande attention portée sur les réseaux sociaux et la communication – ne le serait pas.
Après s’être exprimé sur le choix du premier prix, puis sur l’intention volontaire du WPP de communiquer sur les 20% d’images disqualifiées pour retouches, Jim Colton affirme qu’une série comme celle de Giovanni Troilo n’a pas sa place dans le World Press. « Ce n’est pas du photojournalisme. C’est, au mieux, de la photo d’illustration. Les images « fabriquées » n’ont pas leur place dans le World Press Photo » écrit-il.
Lire son texte complet ici : jimcolton.com
Visa pour l’Image refuse d’exposer le World Press Photo
Le directeur du festival de photojournalisme, Visa pour l’Image, annonce sur les réseaux sociaux qu’il n’accueillera pas l’exposition du World Press cette année.
« Depuis 27 ans, à Perpignan, nous nous sommes engagés auprès de photographes. Nous avons travaillé pour défendre des valeurs auxquelles nous croyons et que nous continuerons de défendre. Et ce pour toujours.
Les photojournalistes que nous voulons représenter ne font pas appel à leurs cousins pour les photographier en plein acte sexuel dans une voiture. Les photojournalistes que nous voulons mettre en avant n’ajoutent pas un flash dans un humvee pour éclairer le visage d’un soldat en Irak. Les photojournalistes dont nous sommes fiers du travail ne demandent à leur sujet de retirer leur T-shirt et ne les éclairent pas avec du matériel de studio afin de les faire ressembler à une peinture flamande. Ils ne photographient pas non plus des patients atteints d’Alzheimer pour parler de l’usage excessif de médicaments psychiatriques. (…)
C’est pour cette raison qu’après plusieurs jours de réflexion, nous avons décidé de NE PAS exposer le World Press cette année à Perpignan.
C’est une décision douloureuse mais les valeurs que nous défendons sont non-négociables. »
Des photos stupides pour personnes stupides
Le photographe Kenneth Jarecke s’exprime dans cette tribune Des photos stupides pour personnes stupides sur le photojournalisme, son évolution et le World Press. Bien qu’il ne mentionne à aucun moment les noms de Giovanni Troilo ou du maire de Charleroi, il conclue sa tribune par ces mots : « Cher World Press Photo, arrêtez de laisser les gens qui détruisent notre métier et l’essence du photojournalisme utiliser notre nom pour légitimer leur mauvais comportement. »
Lire la tribune de Kenneth Jarecke : medium.com
À noter : Le World Press Photo a tweeté hier soir qu’un nouvel élément les avaient amené à réouvrir une enquête sur le sujet de Giovanni Troilo.
Image de une : © Giovanni Troilo