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Faut-il tout photographier ?
On a souvent salué le droit d’informer, on le brandit comme étendard, on l’a défendu bec et ongle. Les photojournalistes nous montrent ce qui se passe à l’autre bout du monde ou en bas de chez soi, que l’on a pas vu ou que l’on ne soupçonne pas (ou que l’on ne veut pas voir). Mais aujourd’hui, sur le blog de l’AFP, le journaliste Michel Sailhan s’interroge sur l’avis des victimes, des personnes photographiées : face à la douleur des autres, faut-il tout photographier ? Le photojournaliste Mark Ralston témoigne : « J’ai vu des personnes dans la souffrance et la douleur qui me remerciaient que je les prenne en photo parce qu’elles savaient que ça pourrait contribuer à ce qu’on leur vienne en aide. Au contraire, j’ai vu des victimes réagir très mal, parce qu’elles pensaient qu’on était des paparazzi et des vautours, et qu’elles ne voyaient pas le rôle positif que pouvaient jouer les médias… ». Le photojournaliste explique que sur le moment, il ne se pose pas trop de question éthique sur le droit de prendre ces images ou non. Pour lui, c’est après, à l’editing, que ça devient compliqué : « C’est pour moi le moment le plus difficile, et j’ai pour habitude de ne pas trop regarder mes photos de catastrophes, une fois qu’elles sont diffusées. Ça implique aussi de ne pas les proposer pour tenter de décrocher un prix… mais certains photographes n’ont pas ces états d’âme, et les présentent aux jurys, parce que ce sont précisément ces photos qui scorent ! »
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Le père d’une fillette de 8 ans tuée dans un bombardement de l’armée syrienne pleure dans un hôpital d’Alep, où est également soigné son fils (à l’arrière-plan), le 31 octobre 2012 (AFP / Javier Manzano)