Jusqu’au 25 septembre, à la galerie Sit Down, sont exposées les images d’Alisa Resnik, une artiste russe installée à Berlin. L’exposition, intitulée « One another », comme le livre de la photographe, commissariée par Laura Serani, rassemble les œuvres nocturnes d’Alisa, témoins de ses rencontres et moments de solitude. Hier, je suis allée rencontrer Alisa. Je me suis assise avec elle, quelques instants, et je l’ai interrogée sur le sens de sa photographie. Rencontre.
©Alisa Resnik courtesy galerie Sit Down
OAI13 : Où ont été capturées ces images ?
Alisa Resnik : La plupart des images exposées ici ont été réalisées à Berlin et d’autres en Russie, à Florence, Hambourg, Blackpool. Mais le lieu n’a pas grande importance. J’aurais pu capturer ces scènes n’importe où. Je photographie là où je vis, là où je suis. Je photographie les endroits que je connais bien.
Et pourquoi décides-tu de ne photographier que la nuit ?
Principalement parce que la nuit est un moment très poétique pour moi. La nuit m’évoque la poésie que je ne trouve pas dans mes journées. Et cette poésie, elle m’aide à surmonter le quotidien, la banalité. La poésie, comme tous les arts, nous aide à survivre je crois.
©Alisa Resnik courtesy galerie Sit Down
Est-ce que tes photos t’aident à surmonter les difficultés de la vie ?
Mes photos ? Non. C’est les faire qui m’aide dans mon quotidien. L’acte photographique est pour moi une chose assez douloureuse.
Pourquoi ?
Parce que les situations que je décide de « fixer » sont douloureuses. Parce que je photographie ce qui m’émeut. Je ne fais pas d’images quand je ne suis pas touchée.
Pourquoi photographier ces situations ?
Parce qu’en le faisant, je me sens vivre. Je pourrais rester chez moi, dans ma zone de confort, et ne rien faire qui me mette en danger. Mais je préfère sortir et essayer de faire quelque chose qui a du sens, au risque d’échouer. Au moins, à la fin de la journée, j’aurais essayé de m’exprimer, j’aurais essayé de capturer quelque chose de beau. Je suis toujours à la recherche du beau dans la douleur. La confrontation de ces deux extrêmes m’intéresse beaucoup.
©Alisa Resnik courtesy galerie Sit Down
Qu’est-ce qui t’amène à montrer tes images ?
Je me suis souvent posée cette question. Ça prend énormément de temps de préparer une exposition. C’est du temps que je ne passe pas à photographier. Quelque part, montrer ses images devient presque une épreuve. Mais je crois que j’ai toujours voulu montrer mes photographies. Ça fait partie du processus. La photographie, c’est mon moyen de communication. Et comme tout être humain, j’ai besoin d’échanger. Je n’ai pas peur de montrer mes images. Elles sont ce qu’elles sont. Elles sont moi.
Bien sûr, je ne crois pas qu’elles vont changer la vie de celui qui va les regarder. Mais quelque part, j’espère qu’elles lui rappelleront une émotion, un moment, un paysage, quelque chose de familier. J’espère qu’elles lui communiqueront une émotion.
Je ne suis pas une photographe professionnelle. Je suis serveuse et j’ai fait de la photographie mon mode de vie et d’expression. Je ne vis pas de la photographie. Je suis libre de faire ce que je veux. Les images que tu vois là, aujourd’hui, ne font pas partie d’une série ni d’un projet. Ces images, c’est ma vie. C’est tout.
©Alisa Resnik courtesy galerie Sit Down
©Alisa Resnik courtesy galerie Sit Down
Pour en savoir plus :
Le site d’Alisa Resnik : alisaresnik.com
Le site de la galerie Sit Down : sitdown.fr
Pour découvrir le livre One Another chroniqué sur OAI13 : LIVRE | Alisa Resnik, One Another
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