Comme Our Age is Thirteen s’en fait l’écho dans la première partie de la semaine, les procédés anciens font un retour notable dans la pratique photographique actuelle. Est-ce juste une tendance passagère ou un mouvement révélateur ?
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Dans les années 1990, la photographie connaît un bouleversement profond : la révolution numérique. S’ensuit un renouvellement du matériel et une modification des pratiques : l’ordinateur devient le compagnon de travail du photographe. Il ne faut que quelques années pour que les premières réactions apparaissent : d’abord, la mode des appareils photo rudimentaires, assumant des sortes de fautes techniques (Holga, lomographie) ; ensuite, l’attirail d’effets (les fameux filtres Instagram) qui travaillent l’esthétique de l’image. Ces effets traitent la photo de façon à lui donner une patine nostalgique : apparence de diapo aux couleurs délavées, noir et blanc fortement contrasté, etc. L’effet spécial nappe la photo : comme une sauce riche et épicée, il ne sert peut-être qu’à dissimuler une matière première de basse qualité.
Mais derrière ces nostalgies de surface, on constate une mise en avant et un retour vers une pratique photographique bien ancrée dans la tradition argentique. Plus qu’une mode (puisqu’après tout, le grand public ne s’est pas tourné massivement vers le tirage à la gomme bichromatée), il s’agit d’une curiosité éveillée. Etudions quelques raisons pouvant expliquer cet intérêt :
* La plus importante réside dans le soin apporté à une seule photographie. Réaction probable contre l’inflation d’images engendrée par le numérique. Ainsi, travailler avec une chambre photographique, ou un appareil moyen-format, oblige à investir plus fortement chaque image. La porter en gestation, la construire, l’inscrire dans un savoir-faire technique et une durée différente.
* Le rapport au temps. A l’ère de la vitesse, de la transmission instantanée et de la vision immédiate de la photo, les techniques anciennes font l’éloge de la lenteur, celle qui laisse le temps de fantasmer l’image latente.
* La matérialité des supports. Les photos quittent les écrans pour redevenir des objets palpables, manipulables. Elles appellent le toucher, elles sont sensuelles.
* Le rapport à l’histoire de la photographie, ses origines. Comme dans toute mythologie, le photographe s’inscrit dans une lignée de grands ancêtres, pratique des gestes rituels, utilise des objets chargés affectivement, retisse parfois un lien avec la pratique photographique familiale.
Le soin, les gestes, le temps, le toucher : autant de termes qui expriment combien c’est le corps du photographe qui est en jeu dans cette recherche du vintage. Elle semble alors bien éloignée d’une simple tendance.
Dernier point : on voit bien que, si l’intérêt du public vers d’autres types de pratiques se constitue en partie en réaction contre la pratique numérique, il ne l’en éloigne pas réellement. Peut-être ce regard en arrière contribuera-t-il alors à fonder une nouvelle approche de la photographie numérique.
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Jean-Jacques Calbayrac, jeune photographe, saisit des personnes en train de crier et utilise la technique du collodion humide.
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