Le paparazzo a de tout temps eu une réputation de voyou, de voleur d’images. C’est lui qui, pendant près d’un demi-siècle, a traqué les stars pour dénicher leurs moindres secrets. Aujourd’hui, le cliché volé s’est un peu institutionnalisé. Force est de constater, à la lecture de la presse people, que les photographies qui nourrissent ces pages subissent une uniformisation de style. Fausse paparazzade (cliché volé mis en scène et rémunéré) et promenade de visibilité de stars font partie des images récurrentes dans les magazines.
[columns width= »2/3″]
La fausse paparazzade
La fausse paparazzade est une série de clichés réalisées pour un magazine avec l’accord de la célébrité photographié, souvent rémunérée. À quoi les reconnaît-on ? Souvent réalisée dans un cadre idyllique, les photos sont souvent nettes et bien cadrées (contrairement aux habituelles photos floues et pixellisées). Les fausses paparazzades peuvent répondre à un besoin de communication d’une célébrité. Mais elles sont le plus souvent organisées par des agences de photo et sont constituées de séries. Elles sont réputées ne pas être très onéreuses (surtout quand elles mettent en scène des stars éphémères de la téléréalité, prêtes à tout pour de la visibilité) et constituent donc un bon produit pour la presse people.
Leila et Soan, chanteurs finalistes de l’émission télé « La Nouvelle Star » ont touché 300 euros pour s’embrasser.
Les stars sont des gens normaux
Les années 2000 ont vu se développer dans les magazines people les clichés de stars dans leur vie normale. Au supermarché, au café, au parc avec leurs enfants, marchant dans la rue… Et les paparazzi sont devenus les témoins de ces promenades de visibilité des stars. Clément Chéroux, commissaire de l’exposition « Paparazzi ! Photographes, stars et artistes », s’exprime à ce sujet dans les Inrocks : « Les débuts de la photo paparazzi sont en prise avec ce que Cartier-Bresson appelait “l’instant décisif ” : les paparazzis cherchaient vraiment à obtenir une image qui résumait toute la situation. (…) Aujourd’hui, les paparazzis sont moins dans cette quête et font ce qu’ils appellent du “strolling”, c’est-à-dire une “promenade”. C’est autant la promenade des photographes qui se baladent à côté de la star que la star elle-même qui se promène. (…) Continuellement suivie par les paparazzi, elle en joue aussi. C’est une sorte de parade continue. » La star devient complice de ce cliché volé et le paparazzi s’en délecte.
Beyonce Knowles au supermarché
Britney Spears au supermarché
Le selfie de star
Enfin, les réseaux sociaux ont fait émerger une nouvelle catégorie de paparazzo : les stars elle même. Instagram, Facebook et Twitter ont fait des stars les photographes de leur propre vie. Nouvelle coupe de cheveux, consultation chez le médecin, absorption de drogue en boîte de nuit… tout y passe. Le lien direct que les célébrités entretiennent avec leurs fans est devenu leur premier canal de communication. Si bien que la presse et le public peuvent être placés au même niveau d’information.
Kim Kardashian et Kanye West dans les toilettes
Beyonce au réveil
Hugh Jackman vient de se faire soigner d’un cancer bénin de la peau
Le paparazzo a toujours été un élément essentiel dans la construction de l’image d’une célébrité. Le glamour et le côté sulfureux des célébrités des années 1960-1980 ont laissé place à des clichés de plus en plus ordinaires, puis à une mise en scène de soi. La star qui avait cet aura d’inaccessibilité et qui cultivait le secret (secret que le paparazzo devait percer) est devenu un être proche de ses fans, qui révèle son quotidien dans sa plus grande banalité. Ron Galella déclarait d’ailleurs à Figaro Madame que plus aucune célébrité ne valait le coup d’être photographiée aujourd’hui : « Les célébrités d’aujourd’hui manquent de glamour. » Aujourd’hui, la photographie de star s’institutionnalise et il est difficile d’en appréhender les aspects cachés tant la célébrité s’expose. Les hommes politiques seraient-ils le dernier bastion du glamour ?
[/columns]