Dans le cadre du festival Ars Electronica alliant technologies, sciences et arts, l’appareil photo plénoptique a été présenté sur Arte comme l’avenir de la photographie numérique. Pourtant, à y regarder de plus près, cette innovation existe depuis plus de deux ans et n’a pas encore pris. Pourquoi ? Chronique d’une révolution oubliée.
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Qu’est-ce que la photographie plénoptique ?
Jusqu’à il y a peu, un appareil photo numérique c’était un capteur et un objectif. Ce principe simple ne satisfaisait pas le Dr Ren Ng qui, se sentant toujours limité par la question de la profondeur de champ, a développé un appareil photo plénoptique constitué d’un capteur et d’une multitude de micro-objectifs. Conséquence ? L’étape de la mise au point est maintenant reportée au moment de la post-production. En effet, les divers objectifs permettent de choisir, après la prise de vue, où le point sera fait dans l’image.
La marque Lytro, créée par Dr Ren Ng, a développé – grâce à une levée de fonds de 50 millions de dollars – un appareil photo plénoptique, lancé sur le marché début 2012. Commercialisé à 400$, il s’est surtout vendu aux États-Unis avant de se diffuser un peu en Europe. L’appareil annoncé comme révolutionnaire n’a pourtant pas fait énormément d’émules. Quelques articles sur des sites techniques, quelques tests sur des blogs ça et là… et puis plus rien.
« Shoot first, focus later. »
Le slogan de Lytro va dans le sens d’une prise de vue simplifiée. Mais cet argument de choc n’a pas trouvé d’acquéreur enthousiaste, ou du moins très peu. L’ergonomie étrange du Lytro, en forme de tube rectangulaire, très éloignée de celle d’un appareil photo a surpris le peu de photographes aventureux. L’espace qui sert de viseur est trop petit pour être un écran LCD et trop grand pour être un viseur. Nombre de testeurs s’avouent déstabilisés une fois l’appareil entre les mains, ne sachant trop quoi immortaliser avec une telle technologie.
Alors, la photographie plénoptique est-elle l’avenir de la photographie numérique ? Peut-être. Mais pas encore celui des photographes. Après une dizaine d’années où la course aux pixels faisait loi, les innovations telles que la 3D ou la photographie plénoptique ne rencontre qu’un public très faible. Finalement, si l’innovation fait avancer la technologie et la science, tant que l’homme ne se l’approprie pas pour créer, difficile de la diffuser.
Appareils photo plénoptiques
FOCUS, INTERVIEW AVEC OLIVER BIMBER
Professeur de graphisme assisté par ordinateur à l’Université Johannes-Kepler de Linz
Age13 : Est-ce que cette nouvelle technologie signe la fin de l’instant décisif ?
Age13 : Quel est l’apport principal de la photographie plénoptique ?
Oliver Bimber : Il faut réfléchir sur deux plans : à court terme et à long terme.
À court terme, la photographie plénoptique apporte des nouvelles techniques de traitement des images très poussées. Mais le résultat du développement reste une image 2D. Pourquoi ? Parce que nous utilisons la 2D pour diffuser nos images.
Mais si on réfléchit à long terme, nos moyens de diffusion de l’image vont changer. On voit déjà l’arrivée de support 3D et ce n’est que le début. Déjà, dans la communauté scientifique, on voit les premiers supports plénoptiques apparaître : des prototypes qui diffuse des champs de lumière et permette de visualiser des images 3D et 4D.
Donc si nos supports de diffusion deviennent 3D et 4D, pourquoi montrer des images 2D ? Nos yeux pourront choisir le détail sur lequel il veulent se concentrer, comme dans la réalité.
L’impact de la photographie plénoptique sera donc de bouleverser totalement notre rapport aux images 2D. La photographie n’est qu’un seul des domaines d’application de cette innovation.
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Richard Koci, cliquez sur l’image pour choisir là où vous souhaitez mettre au point.
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