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Le Jardin d’Eden de l’art contemporain

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S’il existait un Paradis des musées,  Inhotim, sans aucun doute, en ferait partie. Situé dans la petite ville de Brumadinho (Brésil), à une heure et demi de bus environ de Belo Horizonte,  Inhotim est un centre d’art contemporain imaginé par le riche entrepreneur Bernardo Paz dans les années quatre-vingt. Petit à petit, il est devenu l’un des plus beaux musée d’art contemporain à ciel ouvert au monde.

Imaginez que vous vous promeniez dans le plus beau des jardin botanique que vous ayez jamais vu,  au milieu une végétation luxuriante, parsemé de lacs bleus turquoises, croisant des oiseaux d’une grande beauté, et, pendant que vous flânez tranquillement au milieu de ce paradis, vous tombez nez à nez avec une oeuvre de Dan Graham. Non, vous ne rêvez pas! Vous êtes à  Inhotim.


Après avoir reçu les suggestions ainsi que la collaboration du paysagiste Roberto Burle Marx pour ses jardins, l’Institut Culturel Inhotim a timidement ouvert ses portes en 2005, dans un premier temps aux écoles de Brumadinho, puis en 2006 au grand public.

Cet institut de plus de cent hectares à but non lucratif a pour vocation de conserver, exposer et produire les oeuvres d’artistes du milieu de l’art contemporain sous forme d’expositions temporaires et permanentes dans un cadre idyllique et pour notre plus grand plaisir.

Sa collection, sans cesse en expansion, est composée d’environ cinq-cent oeuvres d’art contemporain conçues par une centaine d’artistes de trente nationalités différentes. On y trouve un ensemble de sculptures, installations, peintures,  photographies, films et vidéos produits depuis les années 60 jusqu’à nos jours.



Galerie Adriana Varejão © Sue Élie Andrade-Dé


L’originalité d’Inhotim, est de proposer aux artistes de créer des oeuvres inédites in-situ. En effet, la grande majorité des oeuvres présentes dans l’exposition permanente d’ Inhotim ont été spécifiquement conçues pour ce centre, dans un esprit de dialogue avec les caractéristiques naturelles et culturelles du lieu. Par ailleurs, de nombreux pavillons sont dédiés uniquement à un artiste, comme c’est le cas de Miguel Rio Branco, photographe brésilien. Aussi, certaines galeries ont été construites pour abriter des oeuvres singulières et permettre à celles-ci d’être exposées en permanence.

Parmi les artistes présents à  Inhotim, on retrouve de grands noms de l’Art Contemporain comme Chris Burden, Dan Graham, Ernesto Neto, Dominique González-Foerster, Larry Clark, Olafur Eliasson, Paul McCarthy, Pipilotti Rist, Steve McQueen, Yayoi Kusama, et Adriana Varejão entre autres.

Cette dernière, à qui un pavillon a été dédié, présente des oeuvres dérangeantes mêlant les pratiques de l’artisanat traditionnel, comme la peinture sur céramique, et des thématiques violentes. Par exemple, dans l’oeuvre Linda do Rosário, issue de la série Charques – oeuvre inspirée d’un fait divers arrivé en 2002 à Rio de Janeiro dans lequel un couple avait été écrasé par la chute d’un hôtel – l’architecture s’associe au corps. Un mur fait de carreaux de céramique blancs dévoile un ciment fait de viscères et de viande.



Elevazione, Giuseppe, Penone © Sue Élie Andrade-Dé


Parmi les oeuvres les plus récentes, conçues selon les caractéristiques privilégiées qu’offre Inhotim, on retrouve Sonic Pavilion (2008), de Doug Aitken. Ce pavillon panoramique perché sur une colline, et qui offre une vue imprenable sur la Serra do Rola Moça est en fait un trou d’une profondeur de deux-cent mètres dans lequel ont été placés des micros. Le son de la Terre est alors retransmis en temps réel à l’intérieur du pavillon par un système sophistiqué d’égalisation. L’expérience de cette oeuvre est réellement troublante par son adéquation à la fois sonore et visuelle.

On retrouve également cette sensation dans l’oeuvre de Matthew Barney, De lama lâmina (2009), inspirée du Candomblé et des Orishas.

Il s’agit d’une sorte d’écrin géodésique recouvert de miroirs trônant au milieu des eucalyptus et abritant un tracteur forestier qui, comme suspendu dans son action, tient un arbre recouvert de polyéthylène. Le contraste entre la dimension futuriste de l’oeuvre et l’extérieur verdoyant de la galerie reflète bien les préoccupations écologiques de l’artiste.

Enfin, l’expérience inoubliable d’Inhotim c’est, selon moi, Elevazione, de Giuseppe Penone.

Sur le flan d’une colline baignée de soleil se trouve un moulage en bronze d’un châtaignier centenaire soutenu par quatres pieds en fer autour desquels ont été plantés cinq arbres d’une espèce locale, le Guaritá. Au fil des années, les arbres plantés autour de la sculpture se rapprocheront de celle-ci et deviendront ses fondations, comme s’ils la soutenaient depuis toujours. Ici encore, Penone impressionne par ses techniques élaborées de sculpture jouant sur la durée et les matériaux, tout en conservant cette dualité artefact / nature propre à son oeuvre.

Donc, si vous n’avez rien prévu l’été prochain c’est le moment d’économiser pour vous payer un billet d’avion France-Brésil! L’Art n’attend pas!



Sonic Pavilion, Doug Aitken © Sue Élie Andrade-Dé