Le vernissage de l’exposition Le pays clair de Thibaut Cuisset à la galerie Asphodèle/Espace pour l’Art a eu lieu hier en fin de journée, dans le cadre du Off des Rencontres. C’était l’occasion de rencontrer cet artiste qui poursuit depuis une quinzaine d’années un travail sur le paysage français. Cette fois, c’est la Camargue qu’il a explorée et photographiée. Thibaut Cuisset expose à la fois dans le Off et dans le In : une belle présence en Arles.
Un plat pays
Dans l’agréable galerie de la rue Réattu, une quinzaine de tirages de terre et de ciel. Une terre changeante, où l’eau revient sans cesse, sous toutes ses formes : salée, douce, mouvante, stagnante… C’est la Camargue de Thibaut Cuisset, un travail réalisé à l’invitation de Lætitia Talbot de l’association Asphodèle. Ces images s’inscrivent dans une œuvre au plus long cours, commencée par l’artiste depuis une quinzaine d’années : un atlas poétique et sensible sur la variété du paysage français.
« Travailler sur la Camargue m’a intéressé parce que c’est un paysage très singulier, qui ne ressemble à rien d’autre en France », explique Thibaut Cuisset. Outre la présence de l’eau, le territoire formé par le delta du Rhône est plat, très plat. « C’était un défi que de se confronter à des paysages où ne domine aucun point de vue élevé. Et ici se mêlent toutes les eaux : marais, étangs, fleuve, mer… C’est quelque chose de très rare en France. »
L’homme et le territoire
Travail sur le territoire et sa représentation, travail de description, Le pays clair offre une dimension documentaire, notamment dans la continuité du travail de Thibaut Cuisset sur la campagne française. Mais de ces images à la composition simple et au cadrage précis se dégage un grand sentiment de sérénité. Face à la diversité du lieu, le photographe a souhaité restituer ses émotions, sa perception des couleurs, de la lumière, et de leur association avec des paysages très variés, qui vont des étendues sauvages aux rizières cultivées par l’homme.
© Thibaut Cuisset
Cette sérénité, Thibaut Cuisset l’attribue justement aussi au fait que l’homme a en partie façonné et maîtrisé cette terre. « Ce n’est pas un milieu hostile, aride. C’est une zone protégée, mais elle a cette allure parce que l’homme l’a en partie canalisée. On trouve ainsi une sorte d’équilibre, d’harmonie, et c’est aussi cela que j’ai photographié. »
Thibaut Cuisset puise son inspiration dans le cinéma, dans la peinture, et aime à s’entourer d’écrivains. Après avoir collaboré à plusieurs reprises avec Jean-Christophe Bailly, il a sollicité Jean Echenoz pour la préface de son ouvrage Le pays clair aux éditions Actes Sud. « Jean Echenoz a une formidable capacité de description de notre environnement contemporain. Il a décliné ce travail sous le signe de l’horizon, c’est sa façon à lui de le regarder. C’était une belle expérience.«
© Thibaut Cuisset
Aux Rencontres d’Arles
Parallèlement à cette exposition des Voies Off, Thibaud Cuisset fait partie de la programmation des Rencontres internationales d’Arles avec d’autres images de la Camargue au Magasin électrique présentées par l’association du Méjan, et par sa participation à l’exposition Transition, paysages d’une société, mission photographique collective menée en collaboration avec l’Afrique du Sud, à l’atelier de la Mécanique. Un travail projeté ce soir aux Nuits de la photographie.
Le pays clair.
Asphodèle/Espace pour l’Art, 5, rue Réattu, Arles.
Jusqu’au 15 août, 10h-12h, 14h-19h.
Magasin éléctrique, Parc des ateliers, Arles.
Jusqu’au 22 septembre, de 10h à 19h30.
Le pays clair, éditions Actes Sud, 28 €.
Thibaut Cuisset est représenté par la galerie Les Filles du Calvaire, www.fillesducalvaire.com
© Thibaut Cuisset