Le Fotografiska est à Stockholm un des lieux culturels les plus actifs. Situé sur l’île anciennement industrielle de Södermalm, il côtoie les bateaux de croisière et fait face à la mer. Dédié à la photographie contemporaine, le Fotografiska s’applique à trouver le juste milieu entre recherche artistique et une photographie accessible au grand public. Mélanges des genres, mises en perspective, histoire et contemporain sont les maîtres mots de ce lieu culturel. Ainsi, cet été, le Fotografiska abritait le travail de Motohiko Odani, Håkan Elofsson et Helmut Newton.
Motohiko Odani explore des thèmes autour de l’existence et de la mémoire. Des bulles de savon mélangées à son propre sang, un pendule ralentit par l’eau, plusieurs de ses travaux se confrontent, conformément au souhait du commissaire d’exposition Santo Oshima. Né en 1972 au Japon, cet artiste est très inspiré par la philosophie bouddhiste. S’interrogeant sur son rapport à la religion, sa série Phantom Limb évoque à la fois quelque chose de pure et de dérangeant : plusieurs dizaines de petites filles, du même âge, toutes brunes, tiennent une pause christique, portent une robe blanche et au creux de leurs mains, des framboises écrasées. Non loin, des tournes-disques des années 1980 en feu rappelle la fin de cette époque de stabilité. On ressort de cet espace bouleversé et émerveillé avant de découvrir l’exposition suivante : Håkan Elofsson.
Notre exposition coup de cœur : Motohiko Odani
Ce photographe suédois a travaillé sur l’Inde, et si le sujet n’est pas des plus original, la scénographie est très convaincante. Après plusieurs dizaines d’années à photographier les bidonvilles indiens, Håkan Elofsson prend conscience de l’absurdité de son métier à bord d’un taxi. Quels rôles ont ses images ? Pourra-t-il jamais aider ces gens qu’il capture dans son appareil ? Alors, au Fotografiska, le visiteur pénètre dans un couloir d’images. De part et d’autres, il regarde les rues de Bombay, entend des bruits de villes, et tout d’un coup, se retrouve à la place de ce photographe, dans ce même taxi. Le couloir débouche sur une grande salle de projection où se déroule un long plan séquence portrait des habitants de Bombay que Håkan a photographié. Les expositions d’Odani et d’Eloffson sont à la fois un parcours sonore et visuel qui nous mène à l’exposition tête d’affiche : celle d’Helmut Newton. Un étage entier lui est consacré. Ce choix « grand public » permet au Fotografiska de drainer locaux et touristes et ce, même à l’autre bout de la ville.
© Håkan Elofsson
Au 3ème étage, on découvre un café-bibliothèque photographique et la Fotografiska Gallery, qui expose des artistes suédois émergents et des artistes internationaux jamais vu sur le marché suédois. Il y fait bon vivre pour tout amateur ou amoureux de la photographie.
Dans un même lieu, le Fotografiska réussit à réunir simplement des styles photographiques très différents mais aussi très complémentaires. Il y en a pour tous les goûts. Sa démarche n’est pas seulement d’exposer tel ou tel artiste mais bien de nous amener sur des chemins inattendus. Impossible d’accéder à l’exposition d’Helmut Newton avant d’avoir découvert celle d’Odani. Les scénographies des expositions sont construites avec un véritable parcours et un parti pris où le son a un rôle capital. Quelques enceintes bien placées vous mène du calme et l’introspection au bruit insupportable d’Odani, des sons de la ville d’Eloffson au calme de nouveau.
Le Fotografiska propose une programmation à la mesure du lieu. Ici, aucune prétention de devenir le prochain lieu incontournable de la photographie contemporaine, simplement des expositions bien réalisées et bien pensées. À la rentrée 2013, l’exposition d’Helmut Newton reste accrochée jusqu’au 29 septembre et côtoiera Pieter Hugo et Marcus Bleasdale à partir de fin août. À ceux qui auraient des envies de fraîcheur… Direction Stockholm !
Vue de l’exposition Helmut Newton
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