Parfois, en photographie, paysage et portrait se rejoignent. En prenant de la distance et en englobant des éléments significatifs dans une vue qui peut d’abord paraître anodine, le photographe fournit des clés pour mieux s’approcher d’un pays ou d’une société. Le travail de Yaakov Israel, né en 1974 à Jérusalem, pourrait se décrire de cette manière. A travers des images d’architecture et de paysage de son pays, Israel, il ne cesse d’en interroger l’identité et d’en explorer la complexité.
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Les yeux fixés sur la route
La série, réalisée en 2013, s’appelle « The Legitimacy of Landscape », « La légitimité d’un paysage ». Les images montrent des terres cultivées, des villages, des oliveraies, des champs de pierres parmi lesquels, souvent, une route serpente. Dans ces vues larges, prises en hauteur, une foule d’informations pour qui sait regarder : l’architecture des maisons, un minaret dressé au-dessus des toits plats, une guérite au bord d’une voie rapide, un drapeau qui flotte au vent, des terrains verdoyants jouxtant des étendues désertiques — autant de témoignages des clivages communautaires, religieux, politiques dans lesquels baigne la société israélienne. Or pour Yaakov Israel, c’est ce que justement les résidents de ce pays ne remarquent pas, en se rendant d’un point à un autre, les yeux fixés sur la route.
Les frontières mentales
Dans ce travail, le photographe traite de la question des frontières. Il met en lumière leur paradoxe physique et émotionnel pour ceux qui y vivent. Car, dit-il, si leur position et leur existence sont connues, elles sont rarement intégrées mentalement. A l’opposé, les lignes que l’on s’interdit de franchir sont complètement intégrées. Obsédés par le sentiment de sécurité dont les paysages doivent être les garants, les habitants, en les traversant, occultent les signes qui le fragilisent : peuplements, lieux chargés de stigmates, différences de conditions d’existence. En les photographiant de cette manière large, en incluant des détails sans les mettre en avant, il exprime la faculté de déni — sans aucun doute universelle — de l’autre, de l’histoire et du présent.
Site internet : yaakovisrael.com
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