Quand on débute une activité de photographe freelance, proposer le bon prix pour ses services fait partie des questions les plus difficiles que l’on se pose. Suis-je trop cher ? Pas assez ? Comment le savoir ? Voici quelques éléments de réponses.
Alors comment se repérer ? Qu’est-ce qui fait le prix d’une image ? Perdus dans cette jungle économique, comment s’en sortent les photographes ? Combien touchent-t-ils ? Pourquoi certains professionnels sont prêts à travailler pour 50 euros et d’autres demandent 15 0000 euros pour une journée de prise de vue ? Comment fixer son tarif ? L’important est d’annoncer un prix viable et avec lequel le professionnel de l’image est à l’aise et qu’il puisse le justifier auprès de son client. Essayons donc de comprendre comment s’évalue le travail d’un photographe.
Une donnée cachée ?
Le prix du travail en photographie est un sujet souvent tabou. Peu de photographes sont enclin à parler ouvertement de leur tarification et de leurs revenus. La crise aidant, le sujet reste sensible dans le milieu.
Certains clients possèdent leurs propres grilles tarifaires : les groupes de presse, les agences de pub ou de com et certaines grandes entreprises. Mais ces tarifs restent très confidentiels. Pourtant, le blog américain Whopaysphotogs.com tente de partager ces informations (majoritairement pour des utilisations presse). Il donne accès à des tarifs aujourd’hui pratiqués… même s’il frôle, parfois, le règlement de compte.
Prenant le contrepied de cette tendance générale, certains photographes n’hésitent pas à communiquer sur leurs tarifications. Cette volonté de transparence se veut être un argument de vente. Quand il s’agit de vendre une simple prestation photographique à des particuliers (mariage, portrait, photo d’identité…), il est aisé de communiquer sur ses tarifs. Le prix d’un tel service n’est pas impacté par le droit d’auteur ou l’ampleur de la diffusion. Il est donc relativement fixe. Mais quand il s’agit d’évaluer une diffusion et des droits d’auteur, l’exercice est bien plus périlleux.
Mais certains annoncent leur prix sur leur site Internet ici ou là ou encore ici pour de la photographie publicitaire. Communiquer sa politique tarifaire est devenu un véritable positionnement professionnel sur un marché déréglé.
A la recherche du juste prix…
L’activité d’un photographe professionnel ne se limite pas à la prise de vue (cf graphique).
Il existe des frais fixes incompressibles liés à l’exercice de métier : l’amortissement du matériel (ou location), les assurances professionnelles, les frais liés à son local professionnel, les frais de transports, les outils de communication… (Plus de détails ici ou ici)
En parallèle, de nombreux critères peuvent faire varier le prix : la notoriété du photographe, la complexité de la prise de vue, la taille du client et son poids financier, le matériel nécessaire, la récurrence du travail demandé, l’ampleur de la diffusion envisagée… Cependant l’élément principal qui fixera le juste prix est le temps nécessaire à la bonne réalisation de l’image. Combien de temps va passer le photographe pour créer son image ? Combien de temps va-t-il passer à préparer son matériel ? À planifier sa séance de prise de vue ? À retravailler ses images en post-production ? Ainsi de suite… Cette durée (journalière ou horaire) est l’élément premier de justification d’une activité professionnelle.
Tentant de répondre à cette épineuse question « Quel est le tarif pour une journée de prises de vues ? » , le photographe Henri Comte rappelle sur le site de l’UPP, Union des Photographes Professionnels qu’« une journée de prises de vues doit aussi nous payer les jours où nous travaillons pour d’autres aspects de notre métier : la comptabilité, le démarchage des clients, la gestion de nos archives, de notre site internet, etc.. » . Il continue son développement : « une fourchette entre 700 et 1200 € est le minimum pour une journée de prises de vues (avec cession de droits limités et définis), prix auquel nous recommandons d’ajouter les frais de déplacement. » Voici donc un premier élément de réponse…
Et du côté de la loi…
L’article L.131-4 du Code de la Propriété Intellectuelle prévoit que la rémunération proportionnelle de l’auteur constitue la règle et que sa rétribution forfaitaire en est l’exception. Or, la pratique et le marché ont renversé ce principe. De nombreux photographes (pour ne pas dire tous) travaillent, aujourd’hui, au forfait journalier. Ce tarif global comprend la rémunération de la prise de vue ainsi que la cession des droits d’auteur. L’image possède donc un coût fixe quant à sa création et une valeur économique variable suivant l’exploitation souhaitée par le client.
Sur ce dernier point, l’article L131-3 du Code de la propriété intellectuelle pose que pour être valable, la diffusion de l’image doit être limitée dans le temps (3 semaines, 1 mois, 1 an, 5 ans,…), dans l’espace (diffusion locale, régionale, nationale, européenne, mondiale…) et sur un support déterminé (plaquette de com, flyers, affiche publicitaire, calendrier, objets, site Internet, …).
Mais aujourd’hui, le cadre de cession de droit d’auteur n’est plus défini stricto sensu. Les diffusions numériques sont venues perturber l’application de ce principe législatif. Il est quasiment impossible de limiter les usages sur Internet. De plus en plus, les clients éprouvent des difficultés à définir et à cerner leurs besoins. Conséquence logique de ce flou, les photographes ont du mal à fixer leurs tarifs. Le marché s’est, petit à petit, déréglé.
« Quand on parle pognon, à partir d’un certain chiffre, tout le monde écoute. » Michel Audiard
Afin d’aider les photographes à trouver leur juste prix, des grilles tarifaires ont vu le jour. Ainsi, les organisations professionnelles ou syndicats ont mis en place des barèmes indicatifs sur les droits d’auteur. Les plus connus sont ceux de l’UPP. Souvent bien au dessus des prix constatés sur le marché, les prix indiqués constituent une base de négociation. Ils sont en vente sur leur site. Un débat existe quant à leur confidentialité. Pour beaucoup de photographes, leur libre disposition serait une avancée majeure pour le secteur dans son entier. Mais, pour les administrateurs de l’association, comme le dit l’adage « tout travail mérite salaire ». Le débat reste donc ouvert… (Pour rappel, il fut un temps où ils ont été en libre accès sur la toile. Une trace subsiste ici)
Par ailleurs, les sociétés de gestion des droits d’auteur (SAIF, ADAGP, SCAM…) ont également mis en place des grilles tarifaires. Réservés à leurs membres, celles-ci sont obligatoires en cas de négociation par ces structures. Seules celles de l’ADAGP sont librement accessibles. Pour les lecteurs suisses, l’USPP a également son barème.
Pour compléter notre panorama, franchissons les frontières et parcourrons librement celles éditées par la société belge SOFAM. Toutes ces grilles donnent aux photographes des idées de prix sur les cessions de droit d’auteur. Élément de base dans une négociation, elles doivent être retravaillées par le professionnel afin d’ajuster sa prestation aux attentes de son client. Et ici, malheureusement, pas de recette miracle. Chacun sa tambouille.
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