Un photographe est un professionnel comme les autres. À ce titre, il se doit d’avoir des documents commerciaux répondant aux exigences légales et aux bonnes pratiques du marché. Dans l’amélioration de la relation photographe/client, un document semble indispensable : le devis. Sa présence participe à l’image professionnelle du photographe mais, n’étant pas obligatoire, son usage et sa forme sont parfois délaissés. En effet, aborder l’aspect pécuniaire de l’activité peut rebuter au premier abord. Avouons qu’il est parfois difficile d’associer image et argent. Pourtant, ce sujet n’est pas tabou. Bien au contraire. Savoir estimer son prix et communiquer dessus sont l’une des clefs de la réussite de son activité. Plongeons dans les lignes du devis.
Le devis est le passage obligé pour formaliser la relation entre le photographe et son client. Après la prise de contact et les premières discussions, ce document écrit résume les attentes et obligations de chaque partie. Il rassemble en un seul document les différentes options de travail. Il permet au professionnel et à son client de sécuriser leur transaction à la fois pour déterminer les travaux à effectuer et pour fixer un prix. Ainsi, il aide à établir une confiance entre les deux parties.
Obligation ou recommandation ?
La loi française pose que le devis n’est obligatoire que pour quatre secteurs déterminés : les travaux et le dépannage, les services à la personne, les prestations de santé et le secteur du déménagement. L’activité photographique ne correspondant à aucune de ces situations, les photographes ne sont donc pas tenus de fournir un devis. Toutefois, il doivent respecter les règles générales du droit de la consommation (articles L111-1 à L111-7). Cependant, dans l’état actuel du marché, il est fortement recommandé de se doter d’un document qui contractualise les futures collaborations.
En effet, avant l’achat d’un produit ou d’une prestation de service, le consommateur doit être en mesure de connaître le prix et de comparer sans difficulté. C’est pourquoi l’affichage des prix est obligatoire (article L113-3 du code de la consommation). Mais quand le produit ou la prestation de service est complexe et personnalisable, comme c’est le cas pour la photographie, le devis trouve son utilité.
Estimer son travail
Un devis constitue une estimation du coût d’un travail ou d’une marchandise. Il s’agit donc de fixer et présenter le prix à payer en contrepartie d’une prestation définie. Pour le photographe, le professionnel qu’il est doit donc savoir estimer son tarif. Mission ardue mais pas impossible (quelques pistes pour vous aider par ici). Et rappelez vous que, dans ce domaine, « mieux vaut trop que pas assez ». En effet, il est préférable d’annoncer une fourchette haute de tarif, permettant ainsi une marge de négociation. La pratique nous montre qu’à vouloir pratiquer des prix trop bas, les professionnels ne peuvent perdurer dans leur activité. Dans un marché déréglé, mathématiquement, les photographes sont obligés de revoir leurs tarifs et de s’aligner sur les prix généralement constatés. Aussi, pour le bien commun du secteur et son propre profit, mieux vaut-il tirer vers le haut que vers le bas.
En pratique, le devis constitue la réponse du photographe au brief du client. Ce dernier y expose succinctement ses attentes et évoque le résultat escompté. En tant que professionnel, le photographe doit rester à l’écoute de son client et arriver à saisir ses attentes. Il peut le conseiller et l’orienter, afin de lui proposer les solutions les plus adaptées. Dans ce sens, plusieurs options peuvent être proposées. Un devis est un document personnalisé. Il ne peut être fait « à la chaîne », sans tenir compte des spécificités du client rencontré. À contrario, si le brief n’est pas complet ou peu précis, le devis sera tout autant difficile à établir. Aussi, mieux vaut-il réussir à établir (et à entretenir) un bon dialogue avec son client.
Mentions nécessaires
La bonne rédaction de ce document permettra au photographe de démontrer son professionnalisme et son sérieux. Sa présentation et la justesse de ses mentions lui permettront d’asseoir un peu plus son statut professionnel. Afin que sa valeur juridique soit incontestable, un devis (également appelé lettre de mission) doit contenir certaines mentions :
• la mention « devis » ou « proposition de prix » et un numéro d’identification
• le nom et les contacts complets du photographe
• son numéro du SIRET
• le nom et/ou la raison sociale du client + personne en charge du dossier
• le lieu d’exécution de l’intervention ou le lieu de livraison
• la date de rédaction
• la durée de validité du devis (2-3 mois apparaît comme un délais raisonnable)
• le décompte détaillé en quantité et en prix de chaque prestation ou produit. Pour chaque opération, il faut indiquer la quantité, le prix unitaire ainsi que l’unité de mesure utilisée. (taux horaire, tarif journalier, demi-journée, forfait post-prod, cession de droit…)
• la somme globale à payer en Hors Taxe (HT) et en Toutes Taxes Comprises (TTC) en précisant le (ou les) taux de TVA applicable(s).
D’autres mentions restent facultatives mais néanmoins conseillées :
• la méthode utilisée pour calculer votre tarif : le temps passé, le tarif horaire et/ou journalier, la présence de post-production,… plus il y aura de détails justifiés, plus le client comprendra votre prix
• le déroulé de votre prestation : donner un calendrier au client, comment va se dérouler votre prestation, quand vous allez faire quoi, pendant combien de temps… les clients aiment bien savoir où ils vont
• les frais de déplacement, s’ils sont impliqués dans l’exécution des travaux
• les modalités de règlement avec un échéancier précis des paiements, en mentionnant, le cas échéant, la date et le montant de l’acompte à verser.
• les conditions éventuelles de révision du prix
• l’appartenance à une association de gestion agréée
• les taux de précompte Agessa pour les photographes assujettis
• l’assurance professionnelle éventuellement souscrite au titre de l’activité, les coordonnées de l’assureur ou du garant et la couverture géographique du contrat ou de la garantie. Cela peut toujours rassurer un client trop frileux.
Fond et forme
Le devis peut, maintenant, être mis en forme. Une forme simple, lisible et détaillée. Concentrez vous sur le contenu de votre prestation, son déroulé et le montant correspondant. Evitez les fioritures graphiques inutiles. Il faut viser juste et être pertinent dans ses propos.
Pour rappel, le devis n’est pas un contrat en soi. Il s’agit d’un engagement unilatéral qui a une valeur contraignante que pour celui qui l’a établi. Seul le photographe est engagé par son devis, le client n’a pas d’obligation. En effet, juridiquement, il s’agit d’une offre de contrat qui lie celui qui l’a émise. Pour que le contrat soit conclu il faut que le client donne son accord express en signant le devis. D’un point de vue formel, il faut la date d’acceptation du devis, la mention manuscrite « Bon pour accord » suivie de la signature du client. Il accepte, alors, le principe de la prestation mais également son montant. Si le client signe un devis, il s’engage à l’honorer. Dans le meilleur des mondes, le devis est établi en trois exemplaires : un pour vous et deux pour votre client. Ce dernier vous en retournera un signé pour vous signifier son accord et gardera l’autre comme archive.
Gardez en tête que ce document doit vous ressembler et démontrer votre méthode de travail. Comme tous vos documents commerciaux, votre devis doit être le reflet de votre professionnalisme. Il doit donner envie d’être signé ou, à défaut, d’être négocié. Le photographe se confronte au difficile équilibre du professionnel. Il doit apparaître ferme et déterminé tout en restant ouvert à la discussion et à la négociation. Gardez le sourire, ouvrez le dialogue et n’oubliez pas d’expliquer votre activité. Car le métier de photographe doit allier créativité, qualité, réactivité et aussi pédagogie. Mission parfois difficile mais pas impossible ! Pour faire face à ce challenge, un bon devis est un précieux allié. Ne l’oubliez pas et ne le sous-estimez pas.
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