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La photographe Mara Sanchez Renero a réalisé une série pour raconter une histoire de la communauté Afro-mexicaine : El Cimarrón y su Fandango.
Texte et photos : Mara Sanchez Renero.


Mon intérêt pour la communauté afro-mexicaine est apparu par hasard. Au début de l’année dernière, j’ai été embauchée pour enregistrer un évènement culturel qui avait lieu dans cinq municipalités du Mexique. Les habitants devaient participer à cet évènement dans différentes catégories : musique, danse, artisanat, cuisine, etc. Je me trouvais dans la ville de Marquelia, Guerrero, quand j’ai rencontré la communauté afro-mexicaine. C’est là que j’ai pris conscience qu’il existait un lien direct entre le Mexique et le continent africain : celui d’une histoire qui s’écrit depuis le début de la conquête espagnole. J’ai réalisé que du sang africain coulait dans les veines du Mexique.



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Le fait que leur arrivée en tant qu’esclave au Mexique et leur intégration tardive dans le pays n’aient pas été reconnue par la constitution et que – durant des années – leur existence n’aie pas été prise en compte dans l’histoire du Mexique, a eu pour conséquence de cacher cette communauté aux yeux de la société mexicaine.

Au delà de cet aspect social et politique, mon travail fut motivé par un désir personnel d’apprendre à connaître cette communauté, l’approcher, découvrir leur culture et leur histoire.

Il y a trois ans, après avoir passé douze ans à l’étranger, je suis revenue au Mexique et j’ai voulu ré-apprendre à connaître mon pays. J’ai développé deux projets en lien avec des communautés indigènes et le pays en tant que tel. Le Mexique est devenu le sujet principal de mon travail : j’explore les plus profonds mystères qui l’habitent.



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Bien que ma photographie soit d’habitude plutôt documentaire, dans ma recherche d’une écriture plus personnelle, je me suis approchée de la fiction comme mode d’expression. Je crois que la voix d’un artiste émane toujours de sa propre imagination. Tout ce sur quoi nous portons notre regard est sujet à l’interprétation. Nos yeux sont commes fixés sur l’oculaire de notre propre télescope, sur notre point de vue de ce no-man’s land qu’est l’âme humaine, remplie d’impulsions et ses contradictions. Nous essayons de nous aider en comprenant le chaos dans lequel notre existence est immergée.

Les problématiques reliées au comportement de la société, l’exploration du monde et des abysses humaines, tels sont les sujets qui m’intéressent et me captivent. C’est dans cette arène que mes questions naissent, et c’est là que je tente d’y trouver des réponses. J’ai petit à petit réussi à trouver la formule qui me permet de résoudre ces problématiques : le langage photographique allégorique.
Les images qui composent la série « The Cimarrón and the Fandango » sont un dialogue entre des personnages qui interprètent et recréent d’une part des moments historiques à travers des symboles et d’autre part une terre, témoin du temps qui passe, un territoire qui nous embrasse et qui nous intègre. Ces deux aspects, l’histoire et le territoire, font de nous des êtres humains avec une certaine identité.





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La première image de la série parle de l’arrivée d’Africains au Mexique et parle d’un moment de l’histoire : le trafic d’esclave. Ils arrivaient par la mer. Dans mon imaginaire, ce simple bateau en papier représente les énormes galions qui transportaient des hommes, des histoires, une culture et des traditions en voguant à travers l’océan pour les mener vers un territoire qui deviendrait leur foyer.





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Tout animal domestique qui échappe à son maître et retourne à la vie sauvage est appelé « cimarrón ». À l’époque de l’esclavage en Amérique, c’est ainsi qu’étaient appelé les esclaves rebelles. Certains d’entre eux étaient des fugitifs qui vivaient dans des zones isolées des villes.





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Juan Garrido est un noir africain qui a fuit vers le Portugal alors qu’il était encore jeune. Là-bas, il a pris ce nom, Juan Garrido, et a servi dans l’armée espagnole pendant trente ans. Il a participé à différentes conquêtes comme Cuba et Porto Rico. Plus tard, il a embarqué avec Hernan Cortès pour le Mexique, où il a fini par s’installer. Il y a des histoires qui témoignent que Juan Garrido était le premier homme à semer du blé dans la Nouvelle Espagne.





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L’image qui clôt cette série – un rocher monumental souligné par un ciel bleu et formé par l’érosion et le temps – évoque une fusion entre la nature et l’humanité. C’est une sorte d’épilogue à propos de la transformation de ces populations qui ont fini par intégrer le paysages, se sont fusionnés dans la géographie d’un territoire et lui appartiennent désormais.



Site internet : marasanchezrenero.com