L’œuvre de la photographe Coréenne Mi-Hyun Kim est plurielle, protéiforme. Depuis ses Natures mortes jusqu’aux paysages du Huang Shan dans Montagnes sacrées, l’artiste n’a de cesse de réadapter son dispositif à son sujet.
Exposée durant le Mois de la Photo à la galerie Baudouin Lebon, sa série Au Seuil explore les frontières de l’intime à travers une série de baisers d’hommes. Mi-Hyun Kim suggère alors le désir et raconte l’amour dans l’intimité d’un Paris en noir et blanc. OAI13 a rencontré l’artiste.
| Interview par Camille Périssé | Toutes les images : © Mi-Hyun Kim courtesy galerie Baudoin Lebon
► ► ► Cet article fait partie du dossier : MOIS DE LA PHOTO 2014 | #02 : Au cœur de l’intime
OAI13 : Comment êtes-vous devenue photographe?
Mi-Hyun Kim : En Corée, j’ai étudié la science de l’éducation de la santé à l’université. Pendant mes quatre années d’études, j’ai vu beaucoup de films français, que j’adorais, au centre culturel français à Séoul dans le cadre d’un Ciné Club.
Après une licence ès Science en Corée, je suis venue en France en 1985 pour étudier le cinéma à l’université de Paris III Sorbonne-Nouvelle. J’y ai obtenue une licence et une maîtrise en cinéma et audiovisuel.
Pendant ces études, un cours de photo m’a ouvert les yeux. Je voyais beaucoup de possibilités d’exprimer mes idées plus simplement, de manière plus adaptée à mon caractère, c’est à dire en restant indépendante.
Ensuite, j’ai fait des études de photo dans une école privée à Paris (EFET) et à l’université de Paris 8, ce qui m’a permis de devenir photographe.
Vous venez d’un cursus cinématographique, à quel point vos études ont-elles influencé votre perception photographique du mouvement?
Je pense que dans mes photos, le mouvement se trouve dans ces moments immobiles, comme on entend virtuellement beaucoup de bruits dans des moments de silence…
J’ai commencé à faire des photos de Nature morte au début. Même si le sujet photographié est immobile, je déclenche mon appareil au moment où l’objet me parle. Il y a un moment, je l’entends. Ce moment, c’est un moment de mouvement malgré l’immobilité. Je ne pense pas que mes photos soient influencées par le cinéma mais curieusement, j’entends souvent que mes photos sont très cinématographiques. Peut-être ai-je été influencée sans m’en rendre compte.
Comment s’est construite la série « Au seuil »?
On m’a souvent dit que mes photos semblaient être « au seuil » de quelque chose, entre l’Orient et l’Occident, entre l’onirique et la réalité.
Avec cette série, je voulais parler d’amour, le baiser était une évidence pour symboliser l’amour sans en montrer des moments plus concrets mais plutôt de le suggérer…
J’étais dans l’intimité de véritables couples, qui ont très gentiment accepté que je les photographie dans leur appartement, la nuit. Je ne les connaissais pas auparavant, et cela a été très difficile de trouver des couples. Même si j’étais dans leur intimité, dans leurs appartements parisiens, j’ai toujours essayé de garder une certaine distance de respect.
Je pense que dans mes photos, on sent qu’on est complètement dedans, tout en gardant une distance avec le sujet.
Depuis 1993, je travaille sur la nuit, à Paris ou à Séoul (Paris la nuit, 1994, au musée Carnavalet pendant le mois de la photo avec les photographes de l’agence Métis, Bar ambulant à Séoul, Rentrer chez soi à Paris et Séoul). Cette série fait partie de mon travail sur la nuit.
Pourquoi photographier les couples d’hommes ?
Ce travail a été fait en mars-mai 2013 pendant le débat très violent sur le mariage pour tous. Cependant, ma démarche est purement artistique, pas du tout politique, je ne suis pas militante non plus. Pourtant, au fond de moi, j’espérais qu’on accepte la différence, que l’on change d’opinion en regardant ces images.
Je pense que si on est artiste photographe, montrer quelque chose de nouveau et de beau est l’essentiel.
Ce travail est exposé au MOIS DE LA PHOTO 2014
Plus d’infos :
- Mi-Hyun Kim – Au seuil
- Galerie Baudoin Lebon | 7 novembre 2014 – 6 décembre 2014
- 8 Rue Charles-François Dupuis, 75003 Paris
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