Vous le voyez tourner dans votre flux Facebook depuis plusieurs semaines. Oui, le Black and White challenge. Cette chaîne qui vous demande de poster cinq jours de suite une photo en noir et blanc tout en identifiant une nouvelle personne qui devra faire de même. Il n’y a pas plus tard qu’hier, le photographe Frédéric Noy m’a demandé d’y participer. Mais avant de me lancer, je me suis quand même demandée d’où venait ce challenge, et à quoi il pouvait servir ?
| Par Molly Benn | Image de une © William Daniels / Panos Picture
Une origine obscure
Je ne fais pas durer le suspense. Je n’arrive pas à trouver l’origine du Black and White challenge. Il est populaire sur Facebook depuis environ un mois. Un groupe a été créé pour les participants ici. Mais voilà à peu près toutes les informations que j’ai pu trouver sur ce sujet (si quelqu’un connaît le lanceur de ce mouvement, n’hésitez pas à nous le communiquer).
Par contre, ça fait bien deux ou trois ans que le concept de challenge se répand largement sur Facebook : sauter dans une flaque, se renverser un sceau d’eau glacée sur la tête, citer des poèmes, des noms de films, publier nos photos d’enfance… Bref, il y en a de toutes sortes.
Quel est le challenge ?
Le concept, beaucoup d’entre vous doivent le connaître, c’est de poster cinq jours de suite une photo en noir et blanc. En quoi est-ce un challenge ? Le noir et blanc en photographie est-il une espèce en voie de disparition ? Non, pas particulièrement. Peut-être que pour certains photographes, sortir une photographie en noir et blanc équivaut à aller chercher des images dans ses archives, ce qui peut parfois représenter un défi.
C’est le cas par exemple du photographe William Daniels qui, travaillant aujourd’hui en couleur, est allé chercher très loin dans le temps cette image d’un enfant qui s’amuse à Manila, dans les Philippines, après avoir sniffé de la colle.
© William Daniels / Panos Picture
Typologie des participants
Il y a d’abord ceux qui veulent simplement montrer leur travail. L’avantage du challenge c’est qu’il permet à ces photographes de recueillir des commentaires sur leurs images. Le prétexte crée l’échange. D’autres décident de profiter de ce challenge pour faire découvrir des photographes émergents et parler de projets qui ont besoin de soutien. La journaliste indépendante Laurence Butet-Roch a ainsi partagé les images de Jan-Joseph Stok qui faisait un crowdfunding, Benjamin Petit dont une image était vendue au profit de l’association RISC, et Carlos Cazalis qui fait un travail de long terme sur les conséquences du tremblement de terre en Haiti.
Participer ou ne pas participer?
Pour la majorité des photographes que j’ai interrogé, ce black and white challenge permet simplement de partager de belles images sur Facebook, réseau social où il est assez aisé de se faire aussi envahir par des vidéos de chats et d’autres infos utiles.
Après, je ne peux m’empêcher de vous confier qu’à la question « Pourquoi le faites-vous ? », beaucoup d’entre eux ont répondu « Tu veux être gentil avec la personne qui te nomines alors tu te sens un peu obligé de répondre ».
Bien sûr, il y a ceux qui refusent catégoriquement de participer à ce challenge. J’en ai discuté avec un photojournaliste pour qui ce challenge ne rappelle rien d’autres que les chaînes de messages qui pouvaient envahir nos boîtes mails il y a quelques années. Pour lui, Facebook n’est pas un lieu de partage d’images comme Instagram peut l’être. Il ne voit donc pas la pertinence de ce challenge, qui, finalement, n’en est pas un.
Du coup, cher Frédéric, maintenant que j’ai un peu creusé la question, comment devrais-je répondre à ton challenge ? Je ne suis pas photographe, je n’ai donc pas d’archives d’images. Et puis, je n’ai pas d’amis Facebook que je voudrais obliger à participer à ce challenge. Je ne me lancerai pas sur Facebook. Par contre, je peux t’offrir cette image en noir et blanc, de mon chat, noir et blanc. Je te jure que c’était un vrai challenge de l’avoir.
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